Entretien de routine ... Ainsi soit-il ? [PV Selene]

Encore une journée comme les autres pour un des membres du Strategic Response Unit. En fait pas tout à fait. Aujourd'hui, c'était un de ses jours que les membres de cette unité redoutaient plus que tout. Enfin, pour Jared c'était le cas. C'était pourtant chose obligatoire. Et vous savez ce que ça signifie. Entretien psychologique. Il y avait eu droit chaque année depuis qu'il faisait parti de l'unité et parfois plutôt deux fois qu'une. Les opérations qui viraient mal entrainaient ce genre de rappel. A une époque, jamais il n'éprouvait ça comme une contrainte. La psychologue, faisait son job, et devait énoncer les principaux problèmes qu'il lui arrivait ainsi que de la façon dont il vivait son job. Mais par là, il n'y avait aucune obligation. On suit le rythme imposé mais on parle de ce que l'on souhaite. On se met à parler des peurs que l'on éprouve au quotidien, ce manque de sécurité que personne n'a conscience en dehors de ceux qui le vivent vraiment. Puis il rentrait chez lui, à peine plus secoué qu'à son arrivée. Il savait qu'une fois le palier de sa porte passé, il aurait tout oublié. Mais depuis maintenant deux longues années, ces entretiens étaient devenus de vrais supplices pour Jared. Pourtant, il se pliait et obéissait. Parfois, il mentait. Lui seul en connaissait les raisons. Mais s'il ne le faisait pas alors il n'était pas sûr de réussir à vider tout ça en sortant du bureau.

Mais il était bien placé pour savoir que le protocole, c'est le protocole et on ne le change pas. Et il suffisait pas de s'appeler Parker pour y changer quoi que ce soit. Alors on se résigne à y aller, et on encaisse du mieux qu'on peut. C'était le genre de truc auquel on ne pouvait pas éviter. Et aujourd'hui était un de ces jours. Jared avait rendez vous en début d'après-midi. Il avait eu le temps de déposer sa fille à l'école mais avait demandé à ce que ce soit son père qui aille la chercher. Il savait très bien qu'en sortant même après le plus plat entretien possible, il serait mal. Il arriva au centre et avec une demie heure d'avance avant l'entretien, de quoi réussir à pouvoir rempiler un ou deux cafés. La psychologue, Laurie, qui suivait le SRU depuis tout ce temps, le connaissait bien. Mais aujourd'hui ce n'était pas à elle qu'il avait affaire. Après la suite des évènements qu'il s'était produit durant le mois et l'opération qui ne s'était pas passé comme prévu, Laurie avait écopé, à son grand désarroi, à un coma, et les dirigeants avaient été contraint de la remplacer. Il ne s'inquiétait pas des facultés de la nouvelle psy. Ce qu'il redoutait, c'était qu'il soit contraint de repasser tout de A à Z et ça s'était guère attrayant. Il doutait plus de ses capacités que de celle de la psychologue. Il savait comment se déroulait l'entretien, ce n'était pas ce qui le rendait anxieux. Il craignait que ça ne lui fasse plus de mal que de bien. En tout cas, il espérait vivement que s'achève cette lourde journée.

Et en tout état de cause et après avoir ingurgité ces cafés, il remonta le long couloir qui menait à l'escalier principal. Il souffla un grand coup et arpenta les marches. Au deuxième étape était disposé les bureaux administratifs, les affaires traités ou en cours de traitement, et bien évidemment les locaux psychologiques. Il alla jusqu'au fond du couloir à droite puis à gauche et le voilà arrivé devant la porte. Il appréhendait plus que nécessaire mais il ne pouvait faire autrement. Toujours avec autant de ponctualité, il frappa à la porte, attendit qu'elle l'invite à entrer et ouvrit la porte. Elle avait été affecté au même bureau que celui de la précédente. Même contraste, même lumière. Seul les touches personnelles de la jeune femme le distinguait de l'habituel Lorsqu'il posa le regard sur elle, il eut une étrange réaction. Il l'avait l'impression de la connaître. Son visage et ses traits ne lui était pas inconnu. C'est là que le rapprochement vint le frapper. Oui, il l'avait déjà rencontré il y a quelques jours. Le jour où il avait appris la promotion de Miller. Elle était présente et il l'avait remarqué. Mais les jours suivants, il ne l'avait pas recroisé dans le bâtiment.
Il s'avança finalement vers elle, et se présenta promptement :

-Bonjour, Jared Parker. Lui dit-il avec un sourire courtois.

Il avait réussit à s'occuper l'esprit l'espace d'un instant.* Alors c'était elle, la nouvelle psychologue.* Bon, se rationalisant, il se disait qu'il n'y avait pas raison de s'inquiéter. Elle ne faisait que son job le plus strictement possible alors il ne lui restait plus qu'à faire de son mieux.

Invité

Voilà, elle était enfin en fonction et pour le moment elle n'avait pas fait grand chose. Elle avait convoqué les différents membres de l'équipe pour les évaluer. Entre temps elle avait lu leur dossier. Elle avait appris beaucoup de choses personnelles sur eux et aussi professionnelles. Elle avait aussi apprit les vraies raisons de sa venue ici.
Une opération qui tourne mal. Un supérieur qui saute, un SRU qui tire sur sa collègue, une psychologue dans le coma. Ça fait plaisir non? Le terrain ne fait à priori pas peur à Selene, cependant elle n'a aucune idée de comment se passent réellement les choses. C'est vrai, elle regarde la télé, elle voit les séries policières mais rien en vrai, enfin, pas d'action. Quand elle était en poste à Dublin, elle arrivait une fois que tout le monde était mort et basta. Là... Ouch.
Personne ne lui avait rien demander pour le moment et elle restait plus ou moins confinée dans son bureau, mais un jour viendrait où on aurait besoin d'elle et pour le moment il semblait que la langue de bois soit de mise et personne ne voulait clairement lui parler de ce qu'il s'était passé avec l'autre psychologue.
La raison en était surement que ses supérieurs voulaient qu'elle finisse d'évaluer tout le monde avant de vraiment connaître tout ce qu'il s'était passé, oui, peut être, en attendant elle allait vivre à travers ce que les officiers du SRU allaient lui raconter, la tragique fin du Dr Laurie. SA potentielle tragique fin aussi... Ouais, super, sortez les cotillons!
Enfin... Ce matin et aujourd'hui ce serait calme pour elle comme les jours précédents. Elle commençait la journée avec l'entretient de Jared Parker. Veuf célibataire élevant une petite fille de 5 ans. Vivant à priori avec son père et la petite. La mère était morte lors d'une prise d'otage dans un centre commercial. Comme la mère de Selene. Tout à coup elle s'était sentie très proche de la petite mais cela n'avait pas lieu d'être. Elle avait donc mit ça de côté, l'effaçant même de sa mémoire.

Elle était donc dans son bureau en train de prendre son café. Elle portait une jupe taille haute noire avec des escarpins noirs eux aussi, un chemisier blanc un peu funky. Enfin, classy mais pas complètement réglementaire. Il avait des sortes de froufrous et un décolleté. Ben hey, c'était une nana après tout et elle s'habillait comme elle voulait! Elle pouvait se faire plaisir ici alors elle le faisait, elle avait une bonne paie et pouvait même s'offrir pleins de trucs alors... Autant se faire plaisir!

Quand elle entendit frapper à a porte elle releva la tête et sourit à la porte en attendant qu'elle ne s'ouvre et laissa échapper un :

Entrez. Franc et direct.

Elle vit apparaître Jared Parker. Elle se leva et resta derrière son bureau. Elle lui serra la main puis lui indiqua la chaise sur laquelle il allait s'asseoir pour l'entretient. Elle regarda sa montre, il était extrêmement ponctuel. Il était dans une unité d'elite en même temps, mais quand même.
Elle vit qu'il fit une sorte de drôle de tête en la voyant. De toute évidence il savait qu'il l'avait déjà vu mais il avait oublié. Snouf. Bon, non, pas snouff.
Elle même s'installa tranquillement à nouveau tout en lui répondant.

- Selene O'Connor.
- Je sais que ce n'est pas spécialement la partie du boulot que vous préférez mais on doit tous passer par là.

Elle lui fit un doux sourire en disant cela. Elle parlait très clairement, bref, elle faisait son boulot et quand elle disait que TOUS devaient passer par là, c'était TOUS! Même elle! Ceci dit elle était suivie depuis des années et elle était tout à fait stable alors. Ce n'était pas spécialement une épreuve pour elle ces évaluations en fait, plus une sorte de routine. Enfin, elle n'était pas évaluée comme eux, non, mais... Faut il vraiment en parler ici? Non. Concentrons nous sur Jared qui faisait bonne figure et c'est vrai, belle gueule il possédait!

- Très bien.
- Je pense que l'on peut commencer si vous êtes ok.
- Je vais enregistrer l'entretient, cela vous pose t'il un problème?

Elle détestait commencer comme ça, c'était toujours chiant pour elle. Bonjour, je suis machin, je vais faire ça... Gna gna gna. Elle était obligée de le faire mais ça la plombait assez. Cela ne se remarquait pas, mais elle préférait entrer assez vite dans le vif du sujet.
Une fois Jared prévenu et ok pour tout ce bordel, elle pouvait commencer.

- Le mieux serait que vous parliez de vous même pour débuter.
- D'abord de votre situation familiale.

Elle avait le ton doux mais il fallait que les choses aillent comme elle le disait en même temps. D'abord le background puis le... Ground! Chez elle c'était comme cela que ça se passait.
Elle le regardait très franchement dans les yeux, elle avait prit son bloc et son stylo. Elle était prête.

Il regardait la jeune femme qui lui serra à son tour la main et vint l'inviter à s'assoir. Jared prit place sur la chaise qui était situé face au bureau. La coutume, quoi. Elle prenait une expression faciale particulière qui vint lui faire penser qu'elle comprenait parfaitement le contexte de cet entrevue et qu'elle prenant totalement en compte que c'était la profession qui voulait ça et qu'il ne s'agissait pas ici d'une certaine retenu quelconque à l'égard de Selene. Elle devait surement avoir l'habitude qu'être le genre de personnes chez qui ont à pas vraiment envie de sourire. Mais il devait passer au-dessus de tout ça et le prendre comme un exercice purement professionnel. Jared n'était pas le genre de mec à contrer sans cesse le règlement ou alors les ordres. Sauf bien sûr quand il les trouvait réprobatrices. Mais ici, il ne s'agissait que d'appliquer le protocole, point barre. Et il n'en était pas à son premier entretien. Ce qui différait quelque peu c'était le fait que la psychologue était une nouvelle arrivante dans l'unité mais elle ne l'était surement pas dans son domaine d'exercice. Le SRU a connu de nombreux changements et bouleversements et Selene était un de ce là. Jared pensa malheureusement que les circonstances qui l'avait amené à Toronto n'était pas les plus idéales. Et toutes ces conséquences avaient ébranlé un tant soit peu l'équipe. Pas au niveau relationnel car c'est le genre de situations qui rapproche les gens mais au niveau psychologique. Cette mission fiasco avait reformaté les convictions du SRU. Ils n'étaient pas à l'abri d'évènements dramatiques et même ils étaient formés pour les affronter en tout état de cause, mas ce n'était pas toujours facile de les vivre réellement. Surtout que dans la situation présente, les renseignements étaient brefs et peu précis. Et ce n'était pas le genre de chose que l'on aimait crier sur les toits. Donc planait depuis quelques semaines, ce malaise et cette incertitude facilement palpables dans l'unité. Jared avait remarqué précisément que l'ambiance était différente même si chaque membre essayait de la conserver à l'identique.

Il regardait la jeune femme qui se tenait devant lui avec une expression si compatissante à l'égard de Jared. Il ne releva pas sa réponse. Elle était dans le vrai alors il ne pourrait rien y changer. Il savait qu'elle savait pour lui. Son dossier était monté depuis le jour où il avait intégré l'unité. Mais son job consistait à ce que lui en parle comme si elle ignorait absolument tout. Ce qui n'était pas chose aisée. Mais cette aptitude était requise. Il aurait aimé pouvoir la reproduire à l'original à chaque entretien mais il n'y parvenait pas. Elle l'invita à commencer le récit de sa vie. Pourquoi c'était si difficile pour lui ? Il n'arrivait peut être pas à s'y faire. Pourtant deux années s'était écoulé depuis le drame de sa vie et il avait l'impression que c'était la veille. La douleur qui avait ressenti ce moment-là, ne s'était ni atténué avec le temps ni n'avait baissé en intensité. Il n'avait pas envie de ressasser tout ça, mais il le faisait chaque nuit alors une fois de plus, n'y changerai rien.

Selene lui demanda si ça ne le gênait pas qu'elle enregistre l'entretien avait de conserver une trace de son passage. Évidemment, il ne pouvait pas s'y opposer. Il arrivait à maintenir une certaine contenance mais il sentait que peu à peu, elle déclinait. Il lui répondit poliment :

-Très juste.

-Non, aucun problème. On peut y aller.

Il ne réalisait pas qu'il avait prononcé ces mots. Le respect qu'il avait pour elle jouait surement sur ces propos. Ou alors, le fait qu'elle soit nouvelle dans le service et qu'il ne voulait pas saboter sa première journée d'entretien avec le staff. Peut être plus probable, en effet. Cherchait-il indirectement à masquer les apparences, surement que oui. Il ne savait comment il pouvait anticipé un tel rendez-vous. Pourtant au regard de ce qu'il exerçait comme job, c'était affaire minime en comparaison. Mais pour Jared, c'était tout le contraire. L'appréhension qu'il ressentait en cet instant n'était pas le même que celui qu'il lui arrivait de connaitre avant une mission délicate. Puis elle lui adressa un doux sourire qu'il lui renvoya. Son ton était professionnel mais pas strict. Elle abordait les situations avec prudence et ne voulait pas sur le tableau de la productivité. Il était content de savoir qu'il ne serait pas le dernier patient qu'elle allait avoir en cette journée. C'était toujours plus délicat d'être celui sur qui repose les derniers efforts de la journée et c'était toujours plus ou moins pénible autant pour elle que pour le patient. Mais il s'agissait en rien qu'une consultation volontaire alors ce serait différent.

Et alors lorsqu'elle reprit la parole, la question indirecte lui le happer brutalement. Il savait que ça commençait ainsi. Il ne savait pas d'où pouvait provenir le problème en lui. Elle était prête à l'écouter se lancer. Lui, surement moins qu'elle. Il expira un bon coup et lui répondit avec un ton aussi détaché que possible.

-Ma situation familiale .. Et bien, je vit avec mon père et ma fille de 5 ans, Stella, dans la vieille partie de Toronto et je dois dire qu'on ne se plaint pas. C'est assez tranquille dans ce coin.

Il déglutit pour s'éclaircir la gorge. Il avait réussit à maintenir le ton idéal qu'il voulait employer. Il suffirait qu'il le conserve suffisamment longtemps et le tour était joué. La soirée ne se serait pas annoncé aussi déprimante qu'il l'aurait espéré. Mais il ne fallait pas qu'il aille trop vite dans ses suppositions à venir. Il avait la fâcheuse habitude de vouloir ce construire un idéal de situation quand il se retrouvait dans des circonstances inattendues ou délicates. Il posait le regard sur elle qui tachait de prendre des notes. Il se voulait synthétique mais c'était assez difficile à miner.
Elle affichait une certaine élégance dans ces manières. Il aimait chercher à deviner le comportement de gens qu'il ne connaissait pas. Elle avait l'air d'être une femme calme et relax. Qui avait un certain recul sur les évènements qu'elle traversait ce qui lui donnait cet aspect réfléchi. Un tant soit peu séductrice et attirante. Il ne savait pas si elle était consciente du charme qu'elle dégageait. Quand il se surprit à penser cela, il se stoppa net. Il tourna le regard sur l'extérieur pour canaliser son égarement. Il vint s'accouder au rebord de sa chaise tentant de paraître décontrat'. Il était soulagé qu'elle ne puisse entendre ses pensées qui avaient surgit de nulle part et qui l'avait atteint sans prévention.

Invité

Cet homme là avait vraiment l'air bien plus mûr que les autres faisant partie de l'unité. Peut être et même très certainement car il avait été marié, était aujourd'hui veuf et devait élever une petite fille. Cela vous aidait à "grandir" plus vite. C'était lisible sur son visage qu'il était ou du moins tentait de rester toujours maître de lui même et ce dans toutes les situations, maintenant y compris. Mais il n'y avait pas que cela, surement pas. Enfin... De toute évidence, il n'était pas spécialement à l'aise, bien qu'il veuille le cacher un maximum, il était aisé pour Selene de voir qu'il n'était pas ravi d'être ici mais qui pourrait l'en blâmer? Elle même détestait ce genre d'entretien, ayant toujours peur que la personne en face ne vous juge que sur une mauvaise réponse donnée. Pourtant, ici, il n'y avait pas de mauvaise réponse cependant, le fait de se trouver face à quelqu'un qui vous jugeait n'était pas des plus agréables alors on bafouillait parfois, on pouvait avoir le regard fuyant etc etc. Cela, Selene le savait très bien. Ceci dit, un regard trop fuyant et un trop plein de malaise n'était pas bon, surtout pas ici. Mais ce n'était pas le cas de Jared qui se voulait détaché même si de toute évidence il appréhendait la rencontre.
Elle avait lu dans son dossier qu'il était celui chargé des négociations, donc, à priori, il était capable de communiquer et de cerner les gens. Elle ne doutait pas de ses capacités, sinon il aurait été viré depuis longtemps. Elle essaierait tout de même de retrouver toutes ces qualités à travers l'entretien et les différentes rencontres et autres observations qu'elle ferait de lui, car même si il n'y avait qu'un seul et unique entretient de ce genre, elle n'allait pas rendre les rapports immédiatement et observerait beaucoup en contexte!

Elle le regardait tout en lui signifiant qu'elle comprenait le stress dans lequel il se trouvait mais elle n'en faisait pas non plus des montagnes quoi. Il ne fallait pas pousser, elle ne regardait pas non plus un petit chiot en train de se faire torturer sans pouvoir bouger. C'était un homme capable et bon dans ce qu'il faisait qu'elle avait en face d'elle, un professionnel qui savait ce qui allait se passer, qui était déjà passé par là alors pas non plus la peine de trop le plaindre puis ce n'était pas la place de Selene que de jouer à la maman, de toute façon, il n'en avait surement pas besoin.

L'entretient en lui même commença, elle brancha le magnéto et commença à parler. Il avait la voix calme et posée. Il la regardait dans les yeux, pas dans le décolleté ni à côté. Il répondit à sa première question mais pas exactement comme elle l'aurait voulu. Le tout dans la question qu'elle lui avait posé était de savoir si il avait encore de quelconques problèmes avec la mort de sa femme, et manque de bol pour lui, il ne la mentionnait pas. Par situation familiale elle entendait, père veuf. Il lui racontait des choses très bien, comme le fait qu'il vivait avec son père, ce qui pourrait l'amener à demander d'autres choses mais ne parlait pas de sa femme. Elle allait être obligée de mettre le doigt là où de toute évidence cela faisait encore mal.

- Où se trouve la mère de Stella?

Évidemment qu'elle le savait mais elle ne pouvait pas faire autrement. Elle devait le demander comme cela pour qu'il réponde franchement et directement aussi.
Il fallait qu'il parvienne à le lui dire.

Elle le regarda. Il sembla la fixer un peu durant quelques secondes, comme si il pensait à quelque chose en particulier qu'elle ne pu saisir, et reporta son attention sur la fenêtre.
Elle, elle essayait toujours de le regarder dans les yeux mais son sérieux et cette espèce de froideur extérieur l'impressionnait réellement. Et oui... Elle était humaine après tout, aussi pro soit elle, il l'impressionnait de par sa posture, sa carrure, son charisme et le regard qu'il pouvait porter sur elle sans peut être même sans rendre compte. Il était impressionnant et pour ne rien enlever à tout cela il était vraiment beau.

- Est-ce que vous pouvez me raconter ce qu'il s'est passé avec votre femme?
- Pourquoi décider de vivre avec votre père?

Une fois que le contexte familiale aura été suffisamment abordé, ils pourront passer au professionnel, mais avec ce qu'il avait vécu, évidemment, il fallait en passer par là.
Elle avait vécu quasiment le même drame sauf que c'était sa mère qui était morte et elle, elle l'avait plus que mal vécu et avait même eu des crises de violence... Un sniper qui aurait des crises comme celles dont Selene avait été victime... Ce n'était pas spécialement envisageable!

Jared voulait en finir. Aussi facilement qu'il en finirait avec tout le reste. Mais il n'arrivait pas à bâcler une telle page de sa vie aussi facilement. Résumer en peu de mots une situation aussi dure que celle-ci. Mettre des mots sur des émotions, des mots si faux, qui n'était pas assez fort pour décrire ce qu'il avait réellement traversé. Mais tout ça, ce n'était qu'une tâche de plus au tableau de sa vie qu'il n'arrivait pas à effacer ni même à camoufler. Il le transportait au quotidien, essayant jour après jour de passer à autre chose. De réussir à arriver au dernier chapitre de la vie de Lisa. Mais ça lui était impossible. Il ne voulait pas fermer le lire. Il ne le pouvait pas. Il avait vécu les trois années les plus belles de sa vie et en y repensant avant l'impression de le pas les avoir entièrement consumées. C'était arrivé si brutalement. Il avait été incapable de la sauver. Putain, c'était son job de sauver la vie des autres, et il n'avait pas réussit à lui sauver la sienne. Tous ces moments merveilleux qu'ils avaient partagé tous les trois, elle, sa fille et lui. Il se sentait si fort de ça, comme intouchable. Et aujourd'hui, toute cette force avait décliné mais n'avait pas totalement disparue. Elle perdurait malgré tout. Il s'accrochait malgré tout à ce qui lui restait. Cherchant à survivre pour sa fille. Elle ne méritait pas ce qui lui était arrivait. Et Jared se sentait tellement coupable. Responsable de n'avoir rien pu faire, responsable de n'avoir pas été là à temps.Et jamais il ne se le pardonnerait. Jamais. Ça lui était humainement impossible. Il voulait tellement la revoir, une dernière fois. Mais il avait les pieds sur terre malgré tout et il savait que c'était impossible. Pour pouvoir implorer son pardon, non. Il ne s'en savait pas digne. Il ne s'agissait en rien d'une faute professionnelle, et pourtant ça le prenait comme un échec. Il a toujours été elévé dans la droiture et le respect des responsabilités, le moindre dérapage de sa part et il était foutu dehors. Son enfance n'avait pas été tendre. Mais en comparaison avec ce qu'il avait vécu et ce fait d'avoir failli à ses responsabilités, c'était tout bonnement impardonnable à ces yeux. Il ne pouvait pas admettre la cause d'un malheureux accident. Il ne croyait pas en la chance.

Il sentait le malaise l'envahir. Il était certain que la jeune femme n'avait pas d'enfant pas plus que les autres membres mais il savait qu'elle pouvait comprendre. Elle avait reçut cette formation de se mettre en situation. Peut être qu'elle cherchait juste à remplir des papiers et toucher le chèque à la fin du mois, point barre. Mais s'il avait pu l'en dispenser, il l'aurait fait. Pourtant il y avait dans ce regard une autre expression. Elle se donnait à fond dans ce qu'elle faisait. Et ce n'était pas évident pour lui, dans le rapport qu'il entretenait avec elle. Il ne la connaissait pas alors qu'elle le connaissait plus profondément. Mais il se disait qu'il n'y avait qu'un rapport professionnel dans tout ça et qu'il n'aurait jamais à en reparler enfin jusqu'à la prochaine.
Il se concentra rassemblant toutes les forces qu'il se devait de soutenir pour éviter de craquer. Même à son père, il n'en parlait pas alors pourquoi à une parfaite inconnue. Pour la seule et bonne raison que c'était son job. Jared tournait en rond dans sa tête. Il souffla un bon coup et lui répondit aussi clairement qu'il le put :

-Ma femme..

Il ne put continuer. Il baissa la tête. Toutes ses pensées viennent l'atteindre, le visage si doux de Lisa qu'il revoyait en cet instant, la scène qui se rejouait dans sa tête, enfin ce qu'il en avait vu. Sa main vint masquer son visage un instant. Il fallait qu'il pense à autre chose. Mais c'était bien trop dur. Pourtant il le devait. Plus vite il l'aurait fait et plus vite il serait sorti. Motivation quelque peu douteuse mais en cet instant suffisante. Il releva la tête passant la main sur ses yeux humides pour plonger dans son regard et terminer ce qu'il avait entamé. Mais plus difficilement qu'il n'avait commencé :

-Elle ... a été tué dans un hold-up, il y a bientôt deux ans.

Il soutenait sa tête de son bras appuyé sur l'accoudoir mais ne détourna pas son regard du sien. Il ne voulait pas se griller. Son job était très important pour lui. Mais il y avait des concessions infaisables. Prendre ça comme un instant de faiblesse valait mieux plutôt qu'elle pense qu'il ne l'encaissait pas. Mais il savait qu'il ne pourrait tricher sur ce domaine, alors pourquoi essayer. Il ne savait pas s'il serait capable d'en dire plus. Et il espérait qu'elle ne lui demande pas comment il le vivait. Il essaya de retrouver sa contenance, mais la douleur qui l'envahissait se propager par élan de plus en plus violent. Il avait l'impression qu'il saignait de l'intérieur. Mais il se constata de fermer les yeux l'espace d'un instant pour dissiper les représentations qui lui apparaissaient et de poursuivre. Il ne voulait en rien s'éterniser. Il sentait la blessure qui s'élargissait au fur et à mesure qu'il tentait de respirer pour ne laissait d'une plaie béante et si vide.
Lorsqu'il réouvrit les yeux seulement quelques secondes après, il lui répondit distinctement :

-Mon père et moi avions eu des désaccords par le passé qui ont finit par se résoudre. Et puis, je tenais à ce que Stella connaisse son grand-père. Lidée de faire appel à une baby-sitter ne m'enchantait pas.

Raison évidente. Il ne voulait pas de présence féminine dans sa propre maison qui jouerait le rôle d'une mère de substitution pour Stella et lui ne voulait pas s'imaginait des choses. Il lui fallait ce temps d'adaptation. Les seules présences féminines qu'il tolérait était les seules femmes de l'unité d'élite. En dehors de cela, il ne voyait personne d'autre. Pas plus les mères célibataires qu'ils croisaient tous les jours quand il amenait sa gosse à l'école et qui était en instance de divorce. S'était des situations qu'il ne supportait pas.
Son ton avait été distinct. Il avait réussir à se relever. Il parlait toujours sans trop entrer dans les détails. Comme s'il racontait son histoire sans y être directement impliqué. Il s'accorda de respirer plus calmement. Le plus dur était passé.
Il pouvait la regarder sans rien n'éprouver. Ou du moins des sentiments complétement à part. Il était redevenu le même. Un écart de conduite. Ce qu'il le faisait réfléchir à présent, c'était ce que la jeune psychologue pouvait bien penser. Mais elle n'en dirait surement rien. Et puis, si elle était dans le faux, il ne serait pas apte à la ramener dans la bonne direction. Il avait une brusque envie de justification. Mais il n'en fit rien. Ce qui était fait, était fait. Pourquoi chercher à se convaincre en sa présence. Il était le mieux placé pour savoir précisément la façon dont il ressentait les choses et leurs explications.

Alors pour changer le contexte de ses pensées, il revint sur elle. Il essayait de se concentrer sur autre chose. Il la regardait attentivement cherchant à lui faire comprendre ses idées par un simple regard. La façon qu'elle aurait de le regarder pourrait l'éclairer sur ses convictions. Mais ce qu'elle pensait ne l'aiderait pas plus. L'essentiel étant qu'elle pense juste. Il sentait que la douleur s'atténuait petit à petit lorsqu'il se concentrait sur elle mais, pour ne pas paraître impoli, il détourna le regard mais l'observait avec plus de discrétion. Elle l'apaisait indirectement toujours autant. Ce mystère qu'elle entretenait sur elle impressionnait Jared. Aucune femme jusqu'au présent n'avait affiché pareille attitude. Elle avait un réel effet sur lui. Non, il ne pouvait pas le croire. C'était surement du au choc. Ses pulsations cardiaques s'accélérèrent. Il fallait qu'il stoppe ces conneries. Il remonta du regard des fines jambes de la jeune femme jusqu'à son visage si délicat mais toujours aussi discrètement. Puis il passa sa main sur son menton pour se calmer intérieurement. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il ne s'était jamais permis une telle attitude à l'égard d'une autre femme depuis. Oui ,les femmes il les regardait mais sans les voir. Elle, il la voyait. Pourquoi en cet instant? Et pourquoi elle?
Une pulsion qu'il n'avait pu réfréner? Peut être bien. Il fixa son regard sur la fenêtre attendant qu'elle continue ce pourquoi il était là. Mais il était réellement ébranlé et son attitude l'avait peut-être trahi.
Il ne l'espérait vraiment pas. Il s'y était refusé depuis tout ce temps. Il ne pouvait pas agir comme ça.

Invité

Elle savait bien que si il n'avait pas mentionné directement sa femme quand elle lui avait demandé son statut familial, c'était qu'il n'avait pas encore réellement fait son deuil. Ils s'étaient mariés jeunes, avaient eu un enfant jeune. Cette femme devait très certainement être le premier amour de sa vie et encrée dans son esprit encore comme telle et plus encore, très certainement, comme le seul et unique amour qu'il pourrait avoir dans sa vie. Selene n'était pas là pour résoudre ses troubles affectifs avec la gente féminine, d'ailleurs, professionnellement parlant elle n'en avait strictement rien à faire étant donné que ça n'empiétait pas dans son rapport avec les femmes au travail, par conséquent, elle n'allait pas essayer de le faire parler de tout cela en prenant un chemin trop personnel. La seule et unique raison pour laquelle elle lui avait demandé de parler de son statut familiale était que sa femme s'était faite tuer lors d'un hold-up. Le genre de situation auxquelles lui même était confronté de par son travail.
Effectivement, une femme morte, vous laissant avec un enfant à charge n'était pas simple à gérer pour personne mais ici, il s'agissait de comprendre comment il prenait les choses face à la façon dont la mort de sa bien aimée était survenue. TOUTES situation de la vie au sein de l'équipe pouvait vous faire penser à ce que vous viviez aussi chez vous, par extension. Il y avait les situations plus ou moins proche, mais ici, c'était exactement ce contre quoi il se battait.
Ce qu'elle voulait savoir, elle, c'était si il ressentait un quelconque sentiment de culpabilité, ce qui serait d'ailleurs plus que normal mais qui ne devrait pas être trop important. Cela faisait deux ans. Pour lui c'était surement très court, pour elle, c'était assez long. Elle devrait parvenir à savoir à quel point la mort de sa femme influençait encore aujourd'hui ses actes au sein du SRU. Malheureusement, si elle devait "lui faire mal" pour ça, elle le ferait. Elle avait besoin de savoir comment, en cas de situation similaire, il réagirait. Elle n'avait aucune envie de remuer le couteau dans la plaie mais elle devait faire ce pourquoi elle avait été engagée. Elle ne le pousserait pas violemment à en parler, mais elle avait besoin de savoir certaines choses bien précises. Peut être n'irait elle pas à la recherches de ces infos en jouant franc jeu si elle estimait cela trop dur pour lui. Ce qu'il ne fallait pas faire était le braquer contre elle, elle ferait donc tout ce qui était en son possible pour comprendre exactement ce qu'il se passait dans sa tête sans pour autant se le mettre à dos.

Elle ne le brusqua donc pas. Continuant à le regarder mais en lui laissant le temps de répondre. Tout le temps qu'il voulait d'ailleurs. Le regardant simplement et gentiment, lui montrant qu'elle n'était pas pressée, mais analysant aussi ses postures et sa façon de se mouvoir sur son fauteuil. Ses regards... Tout, elle analysait tout, enregistrait les choses dans un coin de sa tête, ne préférant pas noter tout de suite ce qu'elle pensait pour ne pas sembler trop professionnelle. Pour ne pas lui laisser penser qu'il n'était rien de plus qu'un nom sur un papier. Un "Apte" à travailler ici ou non.

Elle compatissait d'ailleurs beaucoup plus qu'elle ne l'aurait réellement souhaité. Compatissait à sa situation ou bien celle de sa fille. Selene avait vécu le même drame. Perdre sa mère dans de telles circonstances était horrible.
Plus elle regardait l'agent Parker souffrir pour tenter de répondre, plus elle même sentait cette boule dans son estomac se resserrer. Elle fit en sorte que cela ne se lise pas sur son visage, mais elle s'en voulait presque de devoir lui faire subir ça. Pourtant, elle le devait. Elle allait le faire... Mais elle n'aimait pas particulièrement cela. Il souffrait, ça se voyait et elle le prenait en pleine figure. Cet homme était de toute évidence le moins susceptible de craquer et pourtant, à peine 5 minutes après leur première rencontre elle le faisait tomber. Ah... Elle était forte oui, mais vraiment pas fière d'elle. Cependant, le boulot était le boulot.

Elle ne le lâchait pas du regard, l'invitant à parler comme elle le pouvait. Bien qu'elle ait le plus grand mal à soutenir son regard sans réellement savoir pourquoi, elle le faisait car c'était la seule aide qu'elle pouvait lui apporter pour formuler ce qu'elle voulait entendre.
Lorsqu'il ouvrit la bouche pour commencer à parler, elle acquiesça et lui sourit très légèrement, fronçant quelque peu les sourcils. Il ne continua pas immédiatement après avoir di "Ma femme...". Elle le laissa faire, la suite allait venir, ce n'était qu'une question de secondes. Il baissa la tête, sembla être envahis par ... Surement le visage de sa femme, ou sa tombe... N'importe quoi la rappelant à son esprit. Selene, elle, garda les yeux sur lui, un regard bienveillant mais pas trop, ce n'était pas son job, elle ne devait pas non plus s'impliquer trop alors elle gardait ses distances même dans les regards. Elle ne prit aucune note durant tout ce temps. Il devait continuer à se sentir en confiance, elle devait être là à 100% pour l'écouter lui parler de ce qu'il ne devait jamais mentionner, de toute évidence.
Il releva la tête, les yeux rouges et humides. Ah... Les yeux bleus, c'est beau, mais à la moindre merde ça devient rouge... Même si ses yeux n'en avaient pas porté les traces, elle aurait de toute façon lu le malaise dans l'expression de son visage, le son de voix... Tout le langage de son corps.
A nouveau, Selene acquiesça et pour lui montrer qu'elle était toujours là, formula un léger :

- D'accord.

Leurs regards étaient plongés l'un dans l'autre. Elle ne devait pas bouger ou regarder autre part sous peine de perdre la connexion et par conséquent peut être, sa """confiance""".
Ce n'était pas très juste que d'agir comme cela, c'est vrai. C'était des techniques pour faire parler les gens, celles qu'elle avait apprises mais elle était obligée d'agir ainsi. De toute façon, lui même étant négociateur et de plus le principale négociateur de l'équipe, il connaissait très certainement ces diverses façon de procéder. Cependant, elle était vraiment sincère avec lui dans ce qu'elle pouvait laisse transparaître d'émotion sur son visage en l'écoutant.

Ce qu'il avait dit était il nécessaire? Malheureusement non. Ce qu'il fallait savoir maintenant était si un quelconque sentiment de vengeance l'habitait ou non. Il n'y avait RIEN dans son dossier indiquant un suivi psychologique suite au décès de sa femme. De plus, il ne l'avait pas digérer et son deuil restait à faire. Il fallait qu'elle aille plus profond dans ce qu'il ressentait. Elle y était forcée.
Autant jouer franc jeu avec lui.
Là, alors qu'il avait terminé de parler, avant qu'il ne mentionne sa situation avec son père elle se permit de noter des petites choses. Puis elle releva à nouveau la tête et lui se remit donc à parler. Elle ne le coupa pas.

- C'est une très bonne réaction.

Ne pas vouloir couper sa fille du monde. Vouloir lui rendre un semblant de vie de famille malgré la perte de sa mère. Ne pas penser qu'à sa douleur, qu'à la piteuse relation surement conflictuelle qu'il partageait avec son père. Se rapprocher de lui. Très bonne décision.

- Il n'y a rien dans votre dossier mentionnant un quelconque suivi après la mort de votre femme et dans vos rapports de service, aucune situation similaire à l'accident n'a été mentionnée.
- Est-ce parce qu'aucun hold-up n'est à déplorer ou parce que vous n'étiez pas "sur le coup"?

Elle devrait lire le rapport sur ce Hold-Up d'ailleurs pare que la question qu'elle se posait maintenant était de savoir qui avait tué sa femme, flic commettant une "bavure" ou preneur d'otage. Était elle réellement tenue par l'agresseur, l'avait il choisit au hasard? Avait il juste tiré dans le tas? Toutes ces questions qui restaient pour le moment sans réponses et qu'elle n'allait pas lui poser maintenant car ce serait vraiment trop.
Ne s'était elle pas assez bien préparée pour l'entretient? A priori non. L'accident était mentionné oui, mais sans plus de détails. Elle chercherait par la suite, n'ayant de toute façon pas à le "noter" uniquement ici et maintenant.

Petit à petit il quittait le statut personnel pour revenir sur un plan professionnel. La transition se faisait calmement et tranquillement.

Ce qui suivit fut par contre tout aussi troublant pour lui que pour elle.
Il se mit à la fixer et si elle n'avait pas été ici en tant que psychologue elle serait devenue rouge pivoine. Le regarde de Jared était ... Et bien... Elle ne savait pas trop en fait. Il semblait la regarder en la découvrant tout à coup. Découvrant qu'elle était une femme avec des attributs bien particulier. C'était comme si l'homme en lui se réveillait doucement.
Elle l'avait observé comme tous les autres à la réunion le premier jour et il lui était apparut qu'il ne regardait jamais les femmes comme si elles en étaient vraiment. Elle l'y avait aussi vu sourire à cause de l'incident avec le nouvel agent Crawford.
Ce n'était donc pas un homme triste qui passait son temps à ressasser le passer. Non. Mais avec les femmes ce ne devait pas être la grosse folie. Du moins pas comme avec Mike... Pour y avoir gouté elle savait de quoi elle parlait!

Enfin... Alors qu'il la regardait, elle détourna le regard avant que lui ne le fasse et se mit à écrire plus ou moins tout et n'importe quoi sur son bloc note. Elle ne faisait normalement jamais cela! Mais là... Elle s'était quelque peu sentie mal à l'aise. Il la mettait dans un drôle d'état sans qu'il le veuille. Elle était rarement impressionnée par les gens mais lui... Elle arriverait à surmonter cela, elle le devait, mais la façon dont il l'avait tout à coup regardée l'avait réellement mise dans une situation étrange encore sans précédent. Elle ne le vit pas directement reporter son attention autre part mais senti son regard dévier. Ouf...
Elle put donc à son tour relever la tête, toussoter et le sourire un peu bizarrement. Faute pro? Non! Elle était humaine après tout!
Les regards en coin qu'il lui jeta, elle les senti plus ou moins, mais se dit qu'elle imaginait surement cela. Il n'était pas ce genre d'homme mangeurs de femmes, alors... Elle se sortit tout cela de l'esprit.

Dès que quelque chose la touchait comme maintenant, elle était toujours plus ou moins objective et là, elle ne l'était pas! Elle devrait apprendre à le connaître pour comprendre. Ni plus ni moins.

- Vous êtes le chef d'équipe, vous travailler avec l'agent Miller depuis quelques temps maintenant. Elle a été promue à une place qui vous revenait, non?

Ses questions étaient orientées, oui, c'était comme cela qu'elle faisait. Dans le civil ce n'était pas pensable, avec ce genre de personnages, de professionnels, c'était l'attitude à adopter.
Elle le regarda à nouveau mais plus aussi intensément dans les yeux, sans pour autant paraître gênée, sinon elle aurait rougie et là c'était la fin des haricots!

Il se devait de survivre à cette après-midi. Mais il avait beaucoup trop de choses en tête. Des choses peu agréables et des pensées totalement hors sens. Il partait en vrille s'était certain. Il devait se reprendre et vite. Il était envahi par plein de sentiments étranges et inconnus, enfin qu'il aurait voulu inconnus. C'était peut être le lieu qui jouait en sa défaveur. Toutes ses émotions qui planaient autour d'eux n'étaient pas franchement avenants. Il n'avait aucun problème avec ça mais ici c'était si différent. Ils étaient seuls. Totalement seuls. Personne en dehors d'elle ne pourrait être témoin de cet entretien. Donc d'un autre côté, personne ne pourra confirmer sa version de la situation.
Tout ce qu'il venait d'énoncer, il n'était pas sûr de l'avoir dit pour que tout avance ou simplement pour le dire à haute voix. Il évitait sans arrêt le sujet. Ce n'était pas le genre de chose qu'il aimait parler pour se soulager. Le garder pour soi serait toujours moins douloureux. Pourtant, il lui arrivait de faire des nuits blanches, de ne penser qu'à elle, de la croire toujours auprès de lui. Il ne déniait pas la réalité. Non, il n'en était pas à ce point. En rien il ne devenait psychotique. Mais il aimait si perdre parfois. Il rêvait d'elle tous les soirs depuis ce jour là. Il n'arrivait pas à se sortir tout ça de la tête. C'était ancré en lui comme un échec. Une faute grave. Oui, il se tenait pour responsable de sa mort. Ça le hantait continuellement. Ça le torturait jour et nuit. Il s'occupait l'esprit en journée mais le soir quand il rentrait et qu'il était seul dans sa chambre, c'était insurmontable. Il repensait à tous ces instants de bonheur qui ne reviendraient plus mais qui seraient autre. Il apprendrait à vivre avec ça. Il essayait de s'en convaincre. Mais c'était si pénible au quotidien. Un rien le ramenait à elle, une vieille habitude ou alors des répliques qui revenaient par instants. Quand il posait le regard sur Stella, il avait l'impression que malgré tout, elle persistait en elle. Alors ouais, il n'était pas prêt à refaire sa vie. Pour ça, c'était le grand vide. Il s'était refermé sur lui-même et n'avait laissé personne l'atteindre. Mais ce qu'il ressentait, il préférait le faire passer en second. Il attendait patiemment que la douleur s'atténue. Mais deux ans après, rien n'avait changé. Il savait qu'il n'existait pas de période de référence, et il savait qu'il ne pourrait jamais oublié. Alors dans le fond, il ne savait pas réellement ce qu'il attendait. Même si cette nouvelle routine n'était pas facile, il la vivait quand même. Il prenait les choses comme elles venaient. Préservant la partie de lui qui vivait encore et la stimulant jour après jour. Et pour le reste, il laisse faire. N'étant pas sa priorité absolue, autant la laisser de côté.

Elle prit un air compatissant mais il avait bien compris que ni lui ni elle n'avançait. Elle prononça des mots puis des phrases compatissantes. Le plan professionnel lui allait mieux. C'était plus facile de parler de la routine au travail, de ces relations avec ces collègues et là, il arrivait à redevenir un peu plus lui-même. Il arrivait vraiment bien à dissocier les deux. Pourtant, il fréquentait ses collègues à l'extérieur sans que ça lui pose de problème. Mais voilà lorsque Selene reprit la parole, elle avait tout de suite saisit le problème. Les causes de sa mort et un éventuel épisode qui se serait reproduit? OK, il avait saisit que si elle posait directement les questions et qu'il répondait par la meilleure réponse possible, il s'en sortirait à bon compte. Et la soirée ne serait pas aussi dramatique qu'il ne l'aurait escompté.

Il se rassit un peu mieux dans son siège. Il comptait assurer la seconde partie. Du mieux qu'il pourrait. Il retrouva un expression suffisamment neutre et lui répondit distinctement. Il ne savait pas d'où provenait une telle force.

-En toute sincérité, je n'étais plus jamais était sur le coup d'un hold-up.

-Je sais ce que vous pensez. Ce n'est en rien professionnel. J'en suis conscient.

Il n'ajouta rien d'autre. Il préférait ça qu'un lourd mensonge. Surtout qu'il ne savait pas comment il aurait pu réagir s'il avait été sur les lieux du drame et comment il gèrerait une situation similaire. Mais il ne cherchait en rien à se griller. Il tenait à son job. Il pense qu'il pourrait être apte à affronter ça. Et pourtant, tout différait en situation. Alors il n'était pas en même de le dire avec exactitude. Puis son regard se porta de nouveau sur elle. Selene menait l'entretien comme à son habitude. Et elle faisait ça parfaitement bien. Elle ne donnait pas trop de elle-même, et c'était une bonne chose. Il ne s'agissait d'impliquer qui que ce soit. Les concessions profondes qu'il avait fait pour en arriver jusqu'où il en était arrivé au niveau professionnel, il ne les oubliait pas. Il gardait le même objectif en tête. Et alors que tout la plupart des gens aurait renoncé après un drame pareil, lui, il était encore là. Il avait tellement trimé pour arriver là où il était à présent qu'il se devait de tenir pour ses efforts. Mais aujourd'hui c'était bien différent. Ce qu'il souhaitait le plus au monde, il ne pourrait plus jamais l'avoir. En dehors de ses illusions nocturnes et de ses épisodes inconscients. Et pourtant, une partie de lui s'était arrêté deux ans auparavant. Une partie qu'il trainait malgré lui. Totalement ruiné. Il n'avait pas cherché à combler ce manque par des autant d'aventures qui lui serait possible d'avoir. Il n'en avait même pas la force. Sinon ce ne serait que sur un coup de tête et sans réel sentiment. Il n'y pouvait rien .C'était ainsi. Il l'aimait à un point qu'il ne lui serait plus jamais possible d'atteindre. Il s'était donné à corps perdu dans cette relation alors qu'il aurait pu se planter. Et lorsqu'il s'était rencontré pour la première fois, il avait été saisit d'une soudaine animation qui n'émanait pas de lui. Une attraction qu'il ne connaissait pas. Il l'observait faire. Elle ne l'avait pas plus regarder que ça, mais leur regard s'était croisé une seconde de trop. Il avait été littéralement séduit. Elle l'avait transformé en l'espace d'une seconde. Il ne croyait pas qu'une chose aussi belle que celle-ci pouvait existé réellement. Des conquêtes avant elle, il en avait eu mais ça ne dépassait jamais la semaine. Il sentait qu'en il y avait cette alchimie. Il avait toujours réussit à cerner les gens bien avait de les connaître. Et Lisa avait réussit à le faire vaciller. Il n'était pas parvenu à la déchiffrer aussi facilement. Et elle, était parvenu à apercevoir ce qu'il avait de bien malgré tout le brouillard. Elle l'avait totalement absorbé. Il ne répondait plus que d'elle. C'était impressionnant. C'était presque énervant pour leur entourage. Et alors quand ils avaient décidé qu'ils voulait des enfants, il avait été le plus heureux des hommes. Elle savait ce qu'il avait en tête avant même qu'il n'en parle. Toutes ces habitudes, ces manières de faire, ses rituels qu'il adorait et qui il manquait affreusement désormais.

Il replongeait des ses souvenirs si agréables mais qui avait été ternis par le mal et la douleur. Il baissait de nouveau la tête. Il ne cherchait pas à la retrouver, mais évoquer ces choses ici l'avait rendu victime de ses propres réminiscences. Il n'avait jamais cherché à combler ce manque par je ne sais quel substitut. Non, il vivait avec ce manque point barre. Il ne guérirait jamais entièrement de cette blessure, il n'en doutait plus. Peut être après être sorti de ce bureau, il s'accorderait un instant pour passer la voir et extérioriser tout ce qu'il avait accumulé. Lui dire tous ces mots qui lui avait été volé et qu'il aurait tant aimé lui dire. Lui parler de Stella, et revivre encore une fois pour le meilleur, cette vie si parfaite qu'il avait eu tous les trois. Mais la souffrance ne s'effacerait pas.
Et il comprit ce qui lui arrivait en cet instant. Un sentiment qu'il ne voulait pas revivre. Une émotion, une impression qu'il connaissait et sur laquelle il aurait préféré se tromper. Il était pris à son propre piège. Il regarda la jeune psychologue et il ressentait une expression différente en lui. Et il savait parfaitement ce qui lui arrivait.
Elle avait suscité un certain intérêt en lui. Elle avait retenu son attention après tout ce temps. Il ne pensait pas qu'une telle chose soit possible et encore plus si rapidement. Mais il n'y pouvait rien. Il sentait une attirance à son égard sans qu'il n'est cherché à la provoquer. Il ressentait comme un vif attrait à s'intéresser à elle. Elle élevait le mystère en lui. Il ne savait pas comment une telle chose avait pu être possible et pourtant ces sentiments ne le trompaient pas. Ces charmes faisaient effet sur lui sans qu'elle n'est vraiment cherché à le faire. Il n'arrivait pas à la cerner. Elle stimulait son questionnement. Et ce sentiment puissant d'apaisement qu'il lui faisait parvenir quand elle soutenait son regard. Ce n'était pas de l'invention et il en était presque désolé. Il avait été réceptif à regret. Il ne l'avait pas calculé et elle non plus. Mais il n'y avait pas raison de s'emballer. Il se disait que cela ne changeait rien de la situation actuelle. Pourtant, c'était un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis deux années mais c'était bien réel. Quand il posait le regard sur elle, tout semblait disparaître, la souffrance n'était plus le seul dominant. Et il n'arrivait pas à s'expliquer une telle sensation. C'était incompréhensible. Il ne pensait pas qu'il pourrait ressentir cela pour une autre femme. Mais il ne se trompait que rarement. Son instinct n'était certes pas infaillible mais il ne se leurrait que rarement. Il n'avait pas cherché à rechercher pareil sentiment. C'était à son insu. Et il ne savait pas comment aborder ceci de façon rationnelle et explicable. Il n'arrivait pas à se faire une raison. Pourquoi maintenant? Telle était la plus grande interrogation qu'il se posait. Jamais il ne pensait qu'il pourrait ressentir cette sensation à nouveau à l'égard d'une femme. Il ne se l'expliquait pas, c'était au-delà à sa compréhension.
Il la regardait toujours avec discernement et il était toujours saisit de pareil ressentiment. Il essayait de s'y refuser. De se l'interdire. Mais visiblement il n'y parvenait pas. Soit parce qu'il en avait une profonde envie, soit parce qu'il n'arrivait pas à lutter contre cette attraction qui émanait d'elle. Il savait qu'elle n'en avait pas conscience et c'était encore plus troublant. En cet instant, il espérait ne pas trop être remarqué. Mais peu de choses ne pouvait y échapper. Sélène devait prendre tout comme matière à analyse, le moindre geste, le moindre regard. Mais le comprendrait-elle? Il en doutait. C'était si inattendu pour lui qu'il ne savait comment il devait anticiper la situation.
Heureusement elle vint prendre la parole à cet instant, l'évitant de trop se pencher sur ce cas. Elle abordait à présent le domaine professionnel. Jared retrouvait sa légendaire contenance. Il la regarda sans trop montrer la désorientation qu'elle provoquait en lui et ajouta :

-Oui, Alba et moi travaillons ensemble depuis suffisant longtemps. Et on était promu tous les deux comme d'autres membres de notre envergure à ce poste.

Il marqua un silence puis reprit avec détachement, comme si tout le reste n'avait existé :

-Quand j'ai appris qu'elle en avait bénéficié, j'ai accueilli la nouvelle avec plaisir.

-Vous savez quand vous avez une fille de cinq ans et que votre travail prend une part consistante dans votre vie et que vous en êtes satisfait, vous n'en demandez pas plus.

-J'ai appris à vivre avec ce que j'avais plutôt qu'à rechercher continuellement plus. La situation m'a plutôt bien réussit.

-Je ne sais pas si personnellement parlant j'aurais réussit à assurer pareilles responsabilités sans en dénigrer d'autres tous aussi importantes.

Sur ce point là, la dénomination de Alba l'avait bien aidé. Il commençait à retrouver une neutralité digne d'un SRU. Il espérait que le plus dur soit derrière lui. Elle avait arrêté de noter sur son bloc. Elle était attentive à ce qu'il énonçait. Et il pouvait sentir que pour elle aussi, la situation devenait moins tendue.

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Pour avancer, il devait effectivement répondre, tant qu'il ne le faisait pas, elle ne pourrait changer de sujet. Soit il se faisait violence et au moins ça prouvait qu'il n'était pas si """foutu""" que ça, soit il n'y arrivait pas et là ils avaient un sérieux problème. Bien que la mort de sa femme ne touche pas à proprement parler son boulot, le fait qu'il ait une telle douleur en lui n'était pas bon et cela pouvait entraîner des troubles. Vraiment, elle espérait qu'il se ferait violence, qu'il en serait capable et c'est ce qu'il fit. Ouf... Elle n'aimait pas spécialement avoir à faire de commentaires désagréables dans ses rapports. Et là... Si en plus elle devait le couler lui, qui de toute évidence était impliqué à 300% dans cette vie au sein de son équipe... Elle aurait eu du mal. Elle l'aurait fait, évidemment, c'était son boulot et on ne laissait pas des agents pas en mesure de bien faire leur travail aller sur le terrain, mais cela l'aurait vraiment embêtée. Enfin, fort heureusement, il commençait à parler même si il en souffrait. C'était une bonne réaction. Il ne se braquait pas, ce qui aussi était plutôt bon signe.

D'ailleurs, il se remettait aussi en question. Trouvait le fait qu'il ne participe à "aucun hold-up" comme étant absolument pas pro. A vrai dire. Non, c'était même plutôt judicieux comme choix. Maintenant, il ne fallait pas qu'un tel comportement perdure. Son équipe ne pourrait pas toujours se passer de lui. Ce ne serait pas possible et il faudrait qu'il travaille là dessus. Avec elle ou quelqu'un d'autre. Mais il faudrait qu'il fasse quelque chose car au long terme ce n'était pas bon de fonctionner comme cela. Pas dans un métier pareil. Certainement pas. Cela faisait deux ans, maintenant, il fallait qu'il commence à se remettre sur les rails. Cela pouvait paraître dur comme raisonnement. Facile à dire mais pas à faire, oui, c'était plus facile à dire qu'à faire, mais il faudrait bien un jour ou l'autre.

- Pour le moment, si vous n'êtes pas prêt, mieux vaut ne pas vous lancer. Après... Il faudra faire quelque chose, travailler sur vous même. Avec moi, ou vos co-équipiers. Mais il faudra que vous puissiez à nouveau être sur le coup.
- Parce que vu comme ça, là, vous n'êtes pas à 100%. Vous n'êtes pas un agent complet pour moi, pour le moment.
- Je comprends que ce que vous avez vécu est très dur. Je comprends que vous ne vouliez pas assister à des situations similaires, mais ce que je voudrais c'est que vous soyez suffisamment fort pour prendre assez de recul et ne pas voir en ces situation, celle qui s'est produite deux ans en arrière.

Ben comme ça c'était clair. Soit il faisait quelque chose... Soit ce serait elle qui aurait à prendre une décision qu'elle n'avait pas envie de prendre. Il faudrait vraiment qu'il puisse à nouveau être un agent et ce à 100%. Sur le coup pour n'importe quelle situation.
Ce qu'elle venait de dire, elle ne l'avait pas dit pour l'enfoncer, mais bien pour lui faire comprendre qu'il fallait avancer maintenant. Elle n'avait aucune envie de le brusquer, mais le fait de se protéger comme il le faisait n'était clairement pas bon. Même pour sa vie en tant qu'homme. Ce n'était pas bon. Time to move on!

Tout à coup, elle se mit à penser à elle même. Cette situation presque similaire à la sienne et qu'elle avait elle même vécue des années auparavant. Elle n'avait pas spécialement envie de lui révéler toute sa vie, mais elle pourrait peut être tourner les choses de telle sorte qu'il ne saurait pas de qui elle parlait. Et même si il devinait, tant qu'elle ne s'était pas complètement vendu, c'était le principal. Du moins pour elle. Elle n'avait pas à garder secret son passé. Cela ne pourrait pas la gêner dans son travail, ni même créer un quelconque impact sur les personnes qu'elle aurait mis dans la confidence. Elle pouvait bien en parler à Jared, surtout que dans le fond, c'était plus ou moins la même chose.

- Vous savez... Je vais vous raconter une histoire.
- Une jeune fille qui alors qu'elle avait 16 ans à envoyé sa mère faire des courses dans un centre commercial, ne voulant pas aller avec elle car elle préférait regarder "Sherif fait moi peur" à la télé.
- Ce jour là, dans ce centre commercial, une bombe a explosé. Attaque d'un groupe terroriste du pays.
- La jeune fille, qui regardait la télé a vu son émission coupée pour cause de flash spécial. Un attentat... Le centre commercial de la ville. La liste des noms des morts.
- Le nom de sa mère.
- Ça a été la plus dure épreuve de toute sa vie. Contrairement à vous, elle a fait beaucoup de bêtise après la perte de sa mère. Violence principalement.
- Puis elle s'est vue procurer de l'aide. Elle a beaucoup avancé et alors qu'elle ne parvenait à en parler normalement, tout comme vous, elle a finit par prendre ce recul qu'il vous manque.
- Aujourd'hui elle travaille en étroite collaboration avec la police et n'a aucun problème à travailler sur des affaires plus ou moins similaires.
- Vous vous demandez peut être pourquoi je vous raconte cette histoire.
- En gros c'est la même que vous. Le travail de deuil est de même pour tout le monde dans ce genre de situation extrême. Si cette jeune fille est parvenue à avancer, vous en serez aussi capable. Comme tout un chacun. Il faut juste que vous en preniez conscience.
- Ce n'est même pas vraiment ma place de vous tenir ce discours ici, encore moins à un entretient d'évaluation. Mais vos rapports sont excellents, tous. Vous semblez être le co-équipier idéale et pourtant il y a ce nœud en vous. Si vous ne faites pas quelque chose, petit à petit ce nœud va grandir et il sera bien plus dur de l'éliminer.
- Je vous laisse le temps. Mais il ne sera pas indéfini.

Sa dernière phrase avait été dite sur un ton quelque peu plus ferme que le reste. C'est vrai. Mais il fallait qu'il comprenne où il en était.
Concernant le récit de l'histoire, elle avait utilisé la voix la plus neutre qu'elle possédait. De toute façon, réellement, elle se sentait à 1000 lieux de tout ça maintenant et était persuadée qu'elle n'avait plus aucun problème avec tout cela. Ceci dit, ce qu'elle n'avait pas dit, c'était que la jeune fille était elle, donc, et qu'en réalité, elle n'avait encore jamais travailler sur des affaires similaires à celle de sa mère... Elle ne savait donc pas comment elle prendrait les choses. Elle lui faisait une sorte de "morale" et pourtant elle même ne savait pas, en pratique, comment elle pourrait se situer face à une telle situation. Elle verrait bien.
Selon son thérapeute, elle était apte. Elle même subissait des évaluations. Forcément, surtout après ce qu'elle avait elle même subit et là façon à laquelle elle avait réagit. C'était surtout ça qui pouvait dans son cas être inquiétant, mais elle était loin de toute cela maintenant, réellement loin. Vraiment. Elle ne présageait aucun problème. Non... Peut être se sur estimait elle? Peut être pas. Mais de toute façon, elle n'était pas sniper donc les choses étaient encore bien autre et le cas de Jared lui paraissait bien plus important et urgent que le sien. Enfin, "urgent", mais elle voudrait le voir à nouveau à son maximum assez vite. Elle aussi était là pour résoudre les problèmes, elle allait donc prendre les choses en main qu'il le veuille ou non.

Elle n'avait surement autant jamais parlé de sa vie à un entretient et encore moins un comme celui-ci. Normalement elle disait deux trois phrases et laissait les gens s'exprimer comme il le voulaient mais là, elle avait pris les devants. Elle changeait déjà ses habitudes de travail. En bien, elle espérait.
La chose étant qu'elle se sentait bien en sa compagnie. Gênée certes par ses regards qui pouvaient la troubler, mais elle était cependant en confiance. Elle n'était dans aucun rapport de séduction ou de force... Oui, les regards de Parker la gênait car elle se sentait tout à coup plus femme qu'elle ne devrait l'être ici ét pourtant elle ne faisait rien pour l'aguicher ou quoi que ce soit. Elle était juste elle, et... C'était... Comme si... Malgré tout, elle le connaissait. Il était très posé et calme. Elle l'avait mis dans "tous ses états" à cause de ses questions mais... Elle se sentait d'être honnête avec lui, franche et ouverte.
Elle ne parvenait pas toujours à soutenir son regard car il avait ce quelque chose de particulier qui lui donnait des frissons, mais finalement elle n'était pas mal, elle était juste différente. C'était un sentiment très étrange car elle ne l'avait jamais vraiment rencontré. C'était la première fois qu'ils parlaient et même si à priori il était des plus discret, il avait ici sa plus totale et complète attention. Elle ne regardait pas que lui, mais il occupait pourtant tout l'espace dans sa tête. Vraiment étrange. Elle ne savait pas vraiment si pour lui c'était la même chose, mais il avait pourtant sembler se réveiller quand ses yeux s'étaient balader sur elle. Elle ne pouvait être certaine de sa façon de fonctionner avec les femmes, mais elle aurait pu mettre sa main à couper qu'elles ne passaient pas au premier plan dans sa vie et pourtant là, tout comme il était le centre des pensées de Selene, elle semblait aussi, à sa façon et sa place, être le centre des siennes sans que pour autant ce rapport soit uniquement professionnel. Très troublant donc. Selon elle, elle ne devait pas laisser s'instaurer ce... "truc", mais elle ne pouvait pas non plus faire grand chose contre si ce n'était continuer naturellement le cours de "sa visite".

Le terrain de discussion avait doucement glissé vers le professionnel. Quoi de mieux. Pour le coup elle s'était sacrément bien débrouillée. Clap Clap Selene. Elle n'avait pas eu de mal et il l'avait suivie tranquillement. De plus, il était clair et net qu'il préférait ce terrain au précédent. Le son de sa voix avait changé. Il était beaucoup plus clame et posé. En bien meilleur condition.

- Vous doutez de vos capacités à prendre la tête de l'équipe?
- Vous me semblez être un papa très attentif.

Pas comme le sien. Anyway. Elle lui fit un sourire. Sa première réplique face à ce qu'il lui avait répondu n'avait été formulée que parce qu'elle devait le pousser encore et encore, comme elle l'avait fait avec l'histoire de sa femme. Il y avait des choses à faire impérativement suivant les réponses qu'on lui donnait. Elle le faisait.
Dans un sens... Il semblait douter. De l'autre côté, il pensait au bien de sa fille. Quand vous n'avez pas d'enfants, même si vous êtes le meilleur psychologue du monde, certaines choses peuvent vous échapper. Comme là, plus ou moins. Elle le regarda et essaya de soutenir son regard tout en souriant. Comme une cruche? Non... Mais le côté papa... C'était... On le dit? Ouais... C'était mignon, bien que ce mot lui corresponde finalement assez peu. Quand vous le voyez, que vous parliez avec lui, on ne pouvait pas réellement le qualifier de mignon. Il était un tas de chose bien mieux que migon, mais là... Ah lala... Les femmes!

Entretien très étrange. Une autre technique pour d'autres réponses. Un préavis avant le grand saut. Bien possible. Jared agissait avec une certaine précaution à l'égard de la jeune femme. Il limitait le terrain à sa façon. De la manipulation? Non, pas à leur niveau. Un conditionnement alors? Non, il ne le voyait pas comme ça. Pour lui, c'était plutôt un rapport rationnel et propre. Il voulait qu'elle aille dans son sens. Il cherchait le contrôle. Il ne voulait pas que plane le doute entre eux. Il réfléchissait suffisamment pour savoir ce qu'il pensait réellement, ce qui était bon de dire et ce qui ne l'était pas. Une certaine expérience. Peut être bien. Cet optique, il le tolérait. La recherche de cause logiques et rationnelles. Il voulait qu'elle parle son langage. Il la mettait sur sa voie. Quand il fixait les choses, il ne voulait pas qu'on les baladent. Sur certains points, il était sur. Alors pourquoi le remettre en cause. Quand ça ne peut être autre. Pourquoi chercher ailleurs? Pour trouver une faille à exploiter. Pour nous donner raison. Mais chacun à sa version de l'histoire. C'est comme tout. Mais avec elle, il ne voulait pas tomber dans un dialogue de sourds. Il voulait ce contact, cet échange. Il voulait écarter toute forme d'incertitude et de scepticisme. Les choses qu'il abordait avec Selene, il les pensait. En aucune forme, il n'essayait de se convaincre oralement. Sinon, il lui aurait dit qu'il avait déjà était sur le coup et que tout c'était passé pour le mieux. Alors qu' il lui avait dit clairement les choses comme elles étaient et ce qu'il en pensait. Toujours pour apporter plus de précisions.
Le meilleur jugement possible. Et elle lui avait répondu de la façon la plus juste possible de son point de vue. Et comme convenu, ils étaient tombé en accord l'un l'autre. Jared ne se faisait jamais de faux espoirs. Et ce qu'elle lui avait répondu était absolument vrai. Elle avait en tout et pour tout raison. C'était ce qu'il pensait également. C'était une tâche de plus au tableau. Une tâche qui se résorberait. Quand? Il l'ignorait. Mais bientôt. De toute façon, c'était comme la foudre, elle ne frappait jamais deux fois au même endroit. Alors il ne pourrait jamais être plus impliqué qu'il ne l'a déjà été dans le passé. Enfin, il espérait bien. Il était souvent rongé par l'inquiétude quand il se mettait à penser à ce que pouvait bien faire sa fille dans la journée. Si tout se passait bien. Cette insécurité latente qui l'entourait ne le rassurait jamais totalement. Il avait peur qu'un tel scénario ne se reproduise à l'identique ou alors soit bien pire. Il y avait des idées qui ne trouverait jamais le repos. Elle était de celle là. Une valeur intuitive ou alors un mauvais cauchemar qui perdure? Une séquelle des évènements? Bien probable. Il en avait été affecté. Plus que ce qu'il ne pensait. Et il ne laisserait personne juger de son ressenti propre.
Et les paroles de Selene l'atteint profondément. Elle avait dit ce qu'il ne voulait pas entendre. Mais une stricte et douloureuse vérité. Il ne pouvait pas continuer ainsi. C'était nuisible à son travail même s'il tâchait de le cacher. Pas étonnant qu'elle est commencé par le domaine personnel. Il cogita que finalement alors qu'il pensait contrôler à sa façon, il s'était retrouvé le sujet cible de sa maitrise. Elle le conduisait indirectement. Avait-il perdu le contrôle? Ne voulait-il plus de ce contrôle? Une confiance aveugle? Elle menait mais lui ne suivait que s'il le voulait bien. Et sinon, elle reculait et changer de direction. Peut être était-ce comme ça entre eux. Ils cherchaient à se comprendre l'un l'autre. Mettant en avant tout ce qu'il avait de plus crédible mais l'on ne pouvait amputer ici le caractère intentionnel. A moins qu'il ne s'agissait que de l'application du protocole au pied de la lettre. Non, c'était tout bonnement impossible. Il ne pouvait y avoir un modèle pré établi. Certes, une référence mais une référence abstraite. Une idée de référence. Il la regarda cherchant réponse dans la profondeur de son regard. Une influence? Non, il ne pensait pas. Il lui répondit clairement :

-Vous avez parfaitement raison. Mais il ne s'agit que de mots. Une anticipation des plus précise d'une quelconque situation n'enlève en rien l'intensité qu'elle dégage à son contact.

-Mais je tâcherais d'anticiper le plus précisément possible alors.

Ja, pas de meilleure approbation pour l'instant. Il voyait les choses ainsi. Et il voulait qu'elle les voit de même. Puis elle reprit la parole. Les propos qu'elle tint attira une attention particulière de la part de Jared. Elle parlait avec énormément de précision dans son discours. Des détails fictifs mais qui semblaient éminemment important pour elle. Soit elle cherchait du réel soit elle parlait en connaissance de cause. Un quelconque patient, auteur d'une telle tragédie n'aurait surement pas attaché de l'importance au film du fait de l'action ou si alors il l'aurait mentionné dans le passé à son égard, elle l'aurait occulté ici. Et pourtant, sans lieu d'être, il était apparu. Chaque mot, chaque impression avait sa signification. Une erreur de sa part, ou simplement une ouverture?
Son idée d'influence n'était peut être pas si fausse. Pourtant, ils ne se connaissaient que de quelques heures, et ne s'était précédemment pas adressé la parole. Elle cherchait à capter son attention ou revivait-elle une nouvelle fois le drame de sa vie? Elle avait parlé avec détachement comme il l'avait fait. Mais en rien cela n'enlevait leur implication respective. Ses paroles prirent un tout autre sens pour Jared. Elle avait calculé l'impact que ça aurait sur lui donc avait tout de suite justifié son discours avant qu'il n'en pose la question. Peut être cherchait-elle à énoncer ce fait comme une quelconque anecdote globale et sans intérêt. Dont aucune réflexion n'était à en tirer car elle avait décidé que l'histoire était désormais terminée. Si c'est ainsi qu'elle pensait, alors il respecterait cette optique. Puis elle conclut de manière à faire un rattachement au passé de Jared. Là, elle l'avait troublé. Parlait-elle d'elle ou de lui? Elle vivait la situation à fond et elle cherchait à ce que ce soit de même pour lui? Il la regarda sans trahir la moindre émotion et lui répondit en essayant de jouer sur le fait qu'il n'avait absolument rien vu :

-Peut être bien, ouais. L'objectivité était surement la meilleure solution pour cette jeune fille qui maintenant est une femme mais tout le monde à son temps d'adaptation.

Voilà, il venait d'agir comme il n'avait pas voulu. Pourquoi? Il prit conscience de l'influence qu'elle avait sur lui. Pourquoi avait-il fallu qu'il pousse sa réflexion plus loin qu'elle aurait du aller. Il lui avait montré qu'il avait compris indirectement. Ce qu'il s'était dit qu'il ne ferait pas. Maintenant rompre son discours aussi brutalement aurait voulu trop en dire. Alors il continua dans sur cet angle comme s'il maitrisait à la perfection.

-Mais je n'ai pas cessé d'avancer. L'empêcher de grandir avant de le faire disparaitre n'est-il pas déjà une preuve consistante ?

Consistante mais insuffisante. Il était à peu près sûr qu'elle lui répondrait pareillement. La quantité n'enlève en rien à la qualité. Et elle aurait raison. Mais il ne voulait pas passer pour passif. De nombreuses méthodes peuvent avoir le même résultat. Et ce qu'elle lui répondrait serait de choisir la plus efficace des méthodes. Et la sienne n'était pas suffisante. Se lançait-il dans un dialogue sans issue? Peut être pas. Mais il était persuadé à présent, qu'il ne détenait plus le contrôle absolue. Ils bataillait sur le même terrain. L'un contre l'autre? Non, plutôt l'un à côté de l'autre. Petit à petit, seconde après seconde, Selene prenait une importance considérable à ses yeux. Il recherchait son approbation. Elle avait stimulé un intérêt certain à son égard. Il ne parvenait pas à la chasser de ses pensées. Le rapport qu'ils avaient était étrange. Et il ne se l'expliquait pas. Enfin, il ne voulait pas se l'expliquer. Il y avait bien une explication. Mais il ne voulait pas se l'avouer.
En sa présence, il se sentait si différent. Et en rien ce n'était désagréable. Mais il ne se reconnaît pas dans ce comportement. Devait-il s'y abandonner égoïstement ou alors retrouvait sa fidèle contenance? Là, il avait un choix à faire, mais il ne voulait pas décider. Une fois que la décision est prise, soit l'option que nous avons refusé se dissout, soit elle devient inquantifiable regret. Mais lui, il le savait pas quel était le meilleur choix des deux. Il était dans le flou le plus total. Coincé entre changement et persistance. C'était si brusque, si inattendu. C'était comme s'il ne voulait plus partir. Restait là avec elle, profitait encore de sa prégnance de ce qu'elle faisait sur lui. Et pourtant, elle n'avait rien provoqué. Mais c'était si présent. Peut être aurait-il préféré se tromper. Mais ce qui était fait, était fait. Il ne pouvait pas faire comme si cela n'existait pas. Pourrait-il l'admettre .. c'était une autre histoire. Cela n'avait rien à voir avec une quelconque forme de machisme. Il ne voulait surtout pas qu'on le mette dans cette catégorie. C'était tout autre. Au regard de son passé, il hésitait.

Il ne savait pas si elle l'avait ressentit. Il lui apparaissait très transparent. Un peu comme elle pour lui, mais elle s'était de par ses actions.
Ils tranchèrent sur le plan professionnel sans trop de difficultés. Et lorsqu'elle lui adressa la parole, ces deux phrases cherchaient à faire le parallèle. Mais il en avait fait ainsi sans s'en rendre compte. Elle ne faisait qu'exploiter cet aspect. Rien n'était anodin de toute façon. Tout était à considérer.
Il lui décocha un sourire et lui répondit :

-Non, je pense que vous avez mal compris. Il ne s'agit pas de doute sur mes capacités. Mais être à la tête sans négliger pour autant d'autres priorités, je ne pense pas que ce soit envisageable. Du moins pour le moment.

-En effet, j'essaye être au mieux aussi présent sur les deux plans. J'ai le sentiment que ce n'est pas trop mal pour l'instant. Alors je continue ainsi.

Il abordait un comportement réellement différent. Sans doute, franc. Il n'était plus apparu de cette façon depuis deux ans. Même s'il n'avait pas voulu qu'il y est de changement dans son attitude, il y en avait eu malgré tout. Il continuait à faire comme à son habitude mais elles avaient perdu en intensité. Cette conduite le bouleversait. Il n'agissait plus comme à l'originale. C'était si peu commun pour lui. Cette impression, ce ressenti avait foutu le camp et elle, elle semblait faire renaitre ces sentiments. Il ne savait pas comment il devait gérer une telle situation. Il n'y était pas préparé. Mais il ne parvenait pas à détacher son attention de la jeune femme. Le sujet l'avait-il mis en condition. Peut être bien. Ce sentiment était très étrange. Presque inconnu, mais non, il ne l'était pas. Il avait seulement perdu de sa familiarité mais en rien il ne l'avait pas reconnu. Il savait précisément ce qu'il ressentait en cet instant. C'était si inhabituel pour lui. Il espérait vainement qu'elle ne comprenne. Mais elle avait du cibler son brutal changement de comportement. Et il savait qu'il n'y avait pas uniquement que le genre de sujet sur lequel portait la discussion qui en était la cause. Il ne pouvait pas expliquer à lui tout seul ce phénomène. Alors quoi ... lui seul détenait la réponse.
Mais en rien Selene ne le laissait indifférent.

Invité

Elle le sentait toujours tout de même sur ses gardes. Il ne voulait pas trop plonger dans ce sujet si sensible pour lui. C'était normal et elle le comprenait mais il continuait à rester en retrait même quand ce sujet touchait à son travail. Évidemment, il répondait un peu plus franchement, mais c'était toujours comme si il ne voulait pas impliqué sa tragédie dans sa vie complète. C'était trop dur pour lui, encore et toujours. Elle l'avait compris et ne devrait pas trop tirer sur la corde pour ne pas non plus le mettre et se mettre elle même dans une situation inconfortable. Le pousser dans ses retranchement aurait pu être une bonne idée mais pas dans ce cas de figure. Ce n'était pas à elle de faire ça, elle ne l'entraînait pas à se battre en tant que soldat de commando qui aurait à subir des tortures ou des interrogatoires musclés ou tout simplement dans son cas de la manipulation psychologique. Oui, car vous imaginez bien que si elle essayait de le torturer physiquement la seule chose qu'elle parviendrait à faire serait de se blesser elle même! Tout ce dont elle était capable était de pouvoir éventuellement lui tourner la tête et le blesser de cette façon, en appuyant virtuellement là où ça faisait vraiment mal, elle savait le faire, comme tout le monde, évidemment, sauf qu'elle avait en plus la chance de déceler très vite chez les gens leur faiblesses. Sauf, que ce n'était pas son boulot de blesser intentionnellement tout le monde et plus particulièrement ici Jared. Par conséquent, elle n'allait pas encore tirer sur le corde avec lui, elle allait s'arrêter là et le laisser mener cette partie plutôt que de le faire elle même, mais avant ça, elle avait décidé de lui raconter cette petite histoire qui était sienne mais qu'elle faisait semblant de raconter comme ci il s'agissait de n'importe quelle personne sur terre.
Pourquoi avoir choisit de s'engager dans cette voie? Très bonne question qui malheureusement n'avait ici aucune réponse. Elle s'était juste sentie de le faire. Pour le rassurer? Peut être quelque part oui. Pour être aussi le plus honnête qu'elle pouvait l'être avec lui ici. C'était pour lui une sorte d'épreuve que d'avoir à parler de son passé, alors puisqu'il avait fat un pas vers elle, elle en faisait un vers lui, aussi petit et caché soit il. Est-ce qu'il allait comprendre exactement de qui elle parlait? Peut être, peut être pas.
Alors qu'elle lui faisait son récit, elle avait gardé ses yeux plongés dans ceux de Jared, tenant bien son regard et choisissant plutôt un ton neutre qu'un ton attristé ou autre. Elle ne lisait pas bien dans ses yeux si il voyait exactement où elle voulait en venir ou non. Le problème étant d'ailleurs qu'elle même ne savait pas exactement où elle allait ici. De toute évidence il n'allait pas lui demander si elle parlait d'elle ou non. Peut être se trompait elle mais elle ne pensait vraiment pas qu'il fasse une telle chose, donc, elle resterait couverte, c'était tout ce qu'elle voulait tout en alliant ça au fait qu'il puisse avoir confiance en elle. Cela marchait il ou non? Bonne question là encore, plus ou moins. Ceci dit, elle ne devait pas oublier qu'elle s'adressait à celui dans l'équipe qui était capable de comprendre toutes ces façons de faire afin de se rapprocher d'un sujet. Le truc étant ici qu'elle ne le voyait pas uniquement comme un simple sujet et que à priori elle n'en avait pas grand chose à secouer qu'il se confie réellement ou non, mais elle voulait bien faire son travail et pour se faire elle était, selon elle, obligée de tisser des liens, peu importait leur épaisseur, avec les autres membres de l'équipe et ici, c'était tout à fait ce qu'elle faisait.

- La chose étant qu'ici on ne parle pas d'une "quelconque" situation, on parle de la votre, celle qui vous touche vraiment et qui selon moi, vous empêche de faire entièrement votre boulot.

Ben quoi, c'était vrai, cette situation bien particulière l'empêchait d'être à 100% dans son taff et c'était tout. Après, effectivement ce n'était pas du ressort de la catastrophe, mais quand même.
D'ailleurs, est-ce que les autres le couvrait quand il s'agissait de hold-up et que du coup quelqu'un renait son tour de garde à sa place et qu'il s'arrangeait comme ça? Si tel était le cas ce n'était pas spécialement bon non plus mais si elle tout bien compris, ils étaient sept dans une équipe en intervention si plus ni moins, donc quand il était pas là qui y allait à sa place et comment cela se passait il?
Ok, elle n'était pas un espions des grands patrons qui allait vendre tout le monde à la première occasion et dire : "Oh, vous savez, machin couvre truc parce qu'il aime pas faire ci ou ça." Non. mais ce n'était pas ici service à lui rendre que de le couvrir. Enfin... Elle le regarda et n'ajouta plus rien, le tout n'étant pas de finir par se hurler dessus. Il l'avait comprise et entendue alors il ferait le necessaire et si il ne le faisait pas, alors c'était qu'elle s'était trompée sur son compte et devrait se méfier en lisant de si bon dossiers et se méfier aussi par ailleurs de ses propres intuitions. En clair, si elle se plantait avec lui, elle n'avait plus qu'à changer de métier! Na... On va trop loin là... Mais il ferait quand même attention!

Enfin bref, finalement elle lui raconta son histoire tout en la faisant passer pour celle d'une autre sans pour autant en faire trop et ... Elle se fit griller, tant pis, mais elle n'avouerait pas. Du moins pas maintenant et ici, non. C'était lui qui devait parler, pas elle et elle d'ailleurs, avait son deuil, pas lui! Enfin bon, elle vit bien dans son regard qu'il avait compris mais qu'il n'allait pas en faire des tonnes. Très bien. C'est ce qu'elle attendait de lui, en supposant qu'il la "grille" effectivement.
Il lui répondit et là tout ce qu'elle eut envie de lui dire c'est : "Putain Parker mais ça fait deux ans que tu essaie de t'adapter! Deux ans que tu fais surement les même cauchemars! Faut avancer mon vieux!"
Mais quelle était cette horreur qui avait fait irruption dans la tête de Selene?! Peut être était-ce la jeune fille pas très commode qu'elle avait été et qui refaisait surface. Heureusement, elle n'était pas capable de prendre la parole.
Temps d'adaptation... D'accord, il avait l'air de vouloir y tenir et se savoir ce qu'il voulait car ce qu'il répondit par la suite ne fit que la conforter dans cette idée qu'effectivement il faisait de son mieux pour... Peut être pas forcément avancer mais tout du moins limiter les dégâts.
Avec la réponse qui suivit, ce fut ce qu'il lui annonça donc, qu'il limitait les dégâts. Il avait l'air d'en être sûr et même si elle était psychologue, elle ne lisait pas encore dans les pensées ni les epsrits, elle ne pouvait se faire que des idées sur ce que les gens lui disaient, et, vu comme ça, en l'écoutant, alors oui... Il limitait tout ce qu'il pouvait. Elle ne pouvait pas toujours aller contre ce qu'il disait. Il savait mieux qu'elle ce qu'il se passait dans sa tête et elle ne le connaissait pas encore assez bien pour dire si il mentait ou pas.
Bien que la réponse de Parker soit sous la forme interrogative, elle ne lui répondit rien, elle se contenta de le regarder aussi franchement qu'elle le pouvait sans ajouter quoi que ce soit. Pas parce qu'elle n'avait rien à dire ou... Peu importe quelle autre raison on pouvait trouver, elle n'avait juste rien à ajouter là dessus. Si il était honnête alors très bien, si il ne l'était pas, en revanche, il prendrait ce regard comme une sorte de mise en garde. Pas méchante, mais... Il fallait qu'il soit honnête avant tout envers lui même et ça, il n'y avait que lui qui pouvait le faire.

Enfin, le sujet devint donc plus léger. La promotion. Il y avait eu ce drôle d'échange de regards entre eux, elle avait un peu perdu pieds, c'était vrai, surtout après ce qu'elle venait de lui raconter sur elle. Même si elle n'avait pas été forcément claire si l'identité de la jeune fille de son histoire, elle était quasiment certaine qu'il avait compris de qui elle avait voulu parler. Par conséquent, le malaise s'était un peu emparé d'elle et pourtant elle jouait le jeu, faisant comme si de rien était et ne laissant surtout rien paraitre sur son si petit et joli minois. De toute façon, maintenant que le sujet changeait, qu'ils avaient arrêté de se regarder étrangement, qu'elle n'avait plus ces frissons qui la parcouraient bizarrement, elle se sentait mieux bien que parfois, elle sente encore son regard sur elle.
Ce regard si spécial et étrange et qui la mettait mal à l'aise. D'habitude, cela ne la gênait pas plus que cela qu'on la fixe mais lui... Il avait ce côté... Mystérieux, brisé mais fort... Ce côté tellement homme. C4était ça en fait. Il avait vraiment un côté homme fort, protecteur... Pas envers elle, évidemment, mais... Il avait l'air plus mûr, elle était intimidée et ce n'était pas courant pour elle, c'est là qu'était le problème. Maintenant qu'elle était en face de lui elle ressentait parfaitement cela.
Quand elle l'avait vu à la réunion, elle n'avait pas plus prêté attention à lui que cela mais maintenant qu'il était là et qu'il avait posé son regard intense sur elle, elle ne pouvait plus faire comme ci elle ne le voyait pas. Elle devait rester neutre, faire comme si de rien était, évidemment, c'est ce qu'elle faisait, mais c'était assez compliqué, cependant, maintenant que l'atmosphère était moins lourde, moins personnelle, pour lui comme pour elle, elle pouvait essayer de se détendre et elle le faisait bien.

- Je n'ai pas dit que c'était ce que j'avais compris, je vous ai juste questionner. Elle lui fit un petit sourire en coin tout en relevant un peu la tête de son bloc note alors qu'elle était en train d'écrire et lui fit ce qui pouvait ressembler à une sorte de clin d'œil, mais très léger.
N'était-ce pas déplacer comme réaction? Si, tout à fait! Elle rebaissa la tête pour prendre d'autres notes et fronça les sourcils tout en écoutant ce qu'il avait à dire ensuite.

Elle était en train de créer des liens sans réellement le vouloir, sans vraiment contrôler quoi que ce soit. Ceci dit, créer des liens n'était il pas ce qu'elle devrait faire pour que sa tâche dans cette équipe lui soit faciliter? Ne devrait elle pas se rapprocher de ses collègues pour que les choses se passent bien? Elle devrait trouver la parfaite frontière entre le pro et le perso, mais là, sa réaction n'allait pas provoquer l'apocalypse n'est-ce pas? Enfin, elle avait été naturelle et avait un peu perdu de sa neutralité, mais depuis qu'elle avait croisé son regard il n'y avait plus aucune neutralité, depuis qu'elle lui avait raconté son histoire, il n'y avait plus de neutralité. Depuis qu'elle avait été engagée dans une unité délite, qu'elle devrait faire partie de cette équipe, elle devrait abandonner toute idée de neutralité... Mais voyons le point positif avec lui, au moins, elle n'avait pas passé la nuit à s'envoyer en l'air avec Parker de façon complètement débridée sans même savoir quoi que ce soit de ce qu'il pouvait faire dans la vie, pas comme avec Mike quoi. Avec lui aussi, il n'y aurait plus vraiment de neutralité!

- Je vois, votre famille avant tout, c'est votre mot d'ordre, c'est légitime.

Dans un sens, elle aurait aimé qu'il en soit de même avec son paternel, mais d'un autre côté, elle ne comprenait pas bien. Mais c'était de cette façon qu'il vivait et voulait vivre et par conséquent, elle n'avait pas à le juger là dessus.
Elle lui sourit très gentiment et bien plus naturellement, l'entretient touchait à sa fin et selon elle les choses s'étaient bien passées. Il y avait le deuil de sa femme à faire mais il n'était pas un déséquilibré dangereux et elle n'aurait pas à fournir un affreux rapport, par contre, elle devrait garder un œil sur lui et surement discuter à nouveau avec lui de toute cela, voir son évolution etc etc. Faire son job quoi.

- Ok.
- Je pense que l'on va s'arrêter là. Je ne suis pas fan des tests d'analyse de dessin et des questions du genre, votre père ou votre mère... Etc etc... Donc je ne sais pas comment faisait l'autre psychologue lors d'entretien comme celui-ci, mais je ne vous obligerai pas à voir des papillon dans des tâches d'encre! Re-grand sourire mais assez gêné. Elle ne le regarda d'ailleurs pas longtemps dans les yeux.
- Il faudra que l'on rediscute, mais pas tout de suite. Elle avait décroisé ses jambes et n'allait pas tarder à se lever pour le raccompagner à la porte.
- Alba m'a dit que je pouvais vous poser des questions concernant le déroulement des opérations. Je ne crois pas que ce soit le bon moment maintenant mais... Plus tard, si vous êtes d'accord, évidemment. Maintenant, elle se sentait comme une nana qui demandait un rendez-vous à un mec et qui allait se faire jeter. Complètement idiote elle était, elle le savait. Elle ne le montrait pas, mais elle se trouvait assez pathétique là!
Elle se leva pour lui serrer la main et le raccompagner à la porte, d'ailleurs, quand elle l'y raccompagna, elle qui détestait le contact humain lui mit la main dans le dos, pas pour le pousser dehors mais... Pour le raccompagner quoi... Quel drôle d'effet il avait sur elle. Elle se sentait réellement comme une gosse idiote!

Sa vie avait pris un autre tournant. Un tournant rude et sans repos. Mais il s'efforçait d'y faire face. Pourtant, il y avait bien des choses qu'il n'était pas prêt à assumer pleinement pour l'instant. C'était soit trop difficile soit il ne se sentait pas à la hauteur. Mais il faudrait bien qu'il rattrape ce retard accumulé et arrêter de faire l'autruche en continuant comme il faisait. Il se disait tous les jours qu'il arrive à tourner la page sur tout ça et redevenir celui qu'il avait toujours été. Mais sans elle, il ne pourra plus l'être. Alors il se devait de ressembler à tout prix à ce pâle reflet. Qu'il arrête de se voiler la face et accepter sa vie telle qu'elle est à présent. Ce n'était ni bon pour lui, ni pour son entourage et avant tout son équipe qui prenait des risques inconsidérés parce qu'il ne parvenait pas à assurer. Il fallait qu'il s'en remette. Mais peut être qu'une part de lui n'en avait pas envie. Aller savoir. Pourtant il le faudrait bien. Il ne pouvait pas continuer à s'enfermer dans ce comportement. Ce n'était en rien professionnel et ça ne l'aidait pas plus. Selene l'avait sentit. Et il ne cachait pas. Il savait parfaitement où il en était et les répercutions que ça avait.
Mais si ça voulait dire oublier. Alors il ne le pourrait. Mais plutôt vivre avec. Il avait l'impression que c'était ce qu'il faisait, mais au bout du compte, ce n'était que trop peu. Il fallait qu'il se reconstruise malgré tout. Au niveau professionnel, c'était pas trop mal et insuffisant à la fois mais au niveau personnel, c'était autre chose. Il pensait que l'un n'influait pas sur l'autre et en surface, c'est bien le cas, mais en profondeur, c'est tout autre chose. Il vivait avec ce blocage. Il le ressent continuellement. Et peut être qu'il n'a pas obtenu ce poste pour ses mêmes raisons. Tout le monde avait du se rendre compte qu'il était différent même s'il s'efforçait de le cacher au quotidien. Mais aujourd'hui, il savait qu'il pourrait s'en relever. Ce n'était qu'une question de volonté ou alors d'attente du bon moment. Non, l'instinct sur ça ne pouvait pas l'aider. A moins que. Il sentirait le moment venu, quand il serait prêt. Pourtant, deux ans s'étaient écoulés et c'était toujours la même affaire. Ce moment n'était pas arrivé. Alors peut être qu'il devait se faire violence et tenter d'encaisser le coup. Non, pas tenter, il le faisait déjà, mais encaisser le coup. Il devait s'y impliquer clairement, se mettre devant le fait accompli. C'était bien la seule chose qui lui restait à présent. Il devait se forcer, se raisonner une bonne fois pour toute. Retrouver sa stabilité d'autrefois même si elle en est quelque peu différente. Le fait de savoir parfaitement où il en était et de ne pas se mentir éternellement, pouvait surement l'aider. Il ne pouvait être sûr de rien, et peut être que le pire reste encore à passer. Alors il devrait être opérationnel pour ça. Il ne se pardonnerait pas une autre erreur. Il devait vraiment se ressaisir. Penser à autre chose et par dessus tout accepter et laisser aller. Il devait se détacher de sa femme. Réussir à se délier petit à petit. Briser ce rêve dans lequel il aimait se réfugier. Admettre son erreur, et extérioriser toute la colère qu'il refermait en lui. Il avait été rongé par cette haine durant tout ce temps. Et il devait l'atténuer. Elle n'était pas bonne. Elle menait dans une impasse et il se refusait de s'y retrouver coincé. Il devait reprendre les commandes de sa vie pour de bon. Parce que ce qu'il avait fait jusqu'à aujourd'hui n'avait été que se laisser dériver sans lutter.
Il fallait qu'il mette un frein à tout ça et s'en éloigner. Il devait tout reconstruire et repartir de zéro. C'était l'ultime recours qui lui restait à passer. Et il sentait au fond de lui, que son manège avait assez duré. Alors oui, il souffrirait mais c'était chose commune à présent. Demain, il stopperait la grande machine. Demain, il refermera le livre de la vie de Lisa, il était arrivé au dernier chapitre. Et ça le déchirerait mais il tiendrait le coup. Il n'avait pas d'autre option. Il devait bien s'y résoudre pour pouvoir réellement avancer. Il devrait retirer cette alliance qu'il avait à sa main gauche. Il devait tirer un trait pour de bon pas que seulement en pointillés. Il devait surmonter tout ça à présent. Même s'il ignorait totalement là où ça le mènerait.

Et alors qu'il avait tenté de faire revenir Selene sur cette histoire qu'elle avait énoncé, elle ne lui répondit pas par ce qu'il avait attendu. Elle détourna le sens de sa question pour voir en globalité, par ce qu'il devait en ressortir et ce qu'il y avait à en tirer. Donc il ne pourrait savoir ce qui se cachait derrière cette narration, à part le simple fait qu'il y avait une légère similitude. Pourtant, il aurait pu affirmer qu'elle était directement impliquée. Même si elle cherchait à le masquer, son implication était grande. Elle n'était pas du genre à dépasser la frontière qu'il y avait entre ses patients et elle, alors il ne s'agissait pas d'un quelconque attendrissement ici. Non, elle parlait forcément en connaissance de cause. Elle arrivait parfaitement à se détacher de tout ça, une fois la porte de son cabinet fermée. Mais pourquoi avoir choisi un tel exemple alors qu'il aurait pu y en avoir tant d'autre. Soit c'était celui qu'elle connaissait avec exactitude et donc qui était plus facile à énoncer soit il y avait autre chose derrière tout ça. Une envie de se convaincre de ce qu'elle affirmait parce qu'elle pensait que lui était plus à même de le croire et donc de le concevoir. Peut être bien. Pourtant dès qu'il aurait quitter ce bureau, tout ce qu'il s'était passé dans cet entretien s'oublierait aussitôt le dossier fermé et rangé. Mais pas pour lui. Et il comprenait parfaitement son besoin si grand de détachement, c'était la clé de ce job et si elle voulait continuer ainsi elle devait s'y tenir.
Mais pourquoi avoir voulu s'impliquer dans son récit peu avenant comme elle l'avait fait. Elle s'était cherché surement un minimum de crédibilité et c'était bien normal. Alors il passera sur tout ça tout en maintenant ce qu'il en pensait.

Les paroles qu'elle tinrent par la suite étaient différentes. C'était comme si elle cherchait à le piéger à son propre jeu. Mais en même temps, elle n'était pas là pour que ça devienne quelque chose de personnel. Elle appliquait les règles les unes après les autres et agissait en fonction de son modèle personnel. Par sa façon qu'elle avait de tenir ses entretiens pour lui comme pour tout le monde. Lui, visait la finalité et elle, se basait plutôt sur le contenu. Et indirectement, elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Jared se laisser guider sans pour autant fermer les yeux. Mais ses réticences, elle avait pu les sentir. Sa redirection continuelle depuis le début de cet entretien. Cette clarté qu'il essayait de préserver entre eux. Mais elle n'était pas sur la même longueur d'onde que lui. Certes, il y avait bien un échange mais lui prenait tout personnellement. Quand quelque chose allait mal, il prenait tout pour lui et en cela réduisait son détachement à néant. Il acceptait difficilement l'échec. Et quand ça arrivait, il le trainait toute sa vie. Selene n'avait pas à s'impliquer en profondeur mais juste ce qu'il fallait et elle connaissait les limites à ne pas dépasser. Et c'était comme s'il tentait de les lui faire transgresser. Il préférait la négociation et l'arrangement à l'amiable plutôt que de sombrer dans l'incompréhension et tout ce que ça engendre. Il avait besoin de solidité dans sa vie et tout ces phénomènes bancals dans son quotidien le déroutait. Il devait retrouver cette stabilité pour de bon. Il était arrivé au point de non retour. Un choix devait être à faire; il ne pouvait plus retarder l'échéance. Il devait réellement agir. Alors il garderait la tête haute et prendrait la décision la plus importante de sa vie. Là, où certaines personnes ne penserait ne pas avoir le choix. Il était conscient que le choix on l'a toujours. Et ce choix, il aurait du le faire bien plus tôt. Demain, ça fera deux ans que sa femme est morte. Un retour à la réalité pour une meilleure empreinte. Il l'espérait. Il s'y préparait psychologiquement. Il se préparait Au choc. Il devait l'affronter. Sa période d'adaptation devait prendre fin. Il en était certain. Et alors qu'elle s'adressa à lui, elle lui décocha un clin d'œil à peine perceptible et ce sourire en coin qu'elle n'avait jamais affiché. Puis elle s'empressa de baisser la tête. Jared ne su interpréter la réaction de la jeune psy. Il vit passer ça sur le coup de l'humeur joyeuse qui devait l'entourer en ce jour. Elle avait eu un petit égarement. Quelque chose devait la distraire. Il ne lui en tiendrait pas rigueur. Après tout, elle avait une vie en dehors du taff, elle aussi. Et sûrement une bonne nouvelle à la clé aujourd'hui.

Un nouveau bouleversement. Plus puissant mais dont il ne pouvait quantifier l'étendue mais un bouleversement qu'il avait sentit en lui. Le SRU avait connu pas mal de changement depuis cette mission et ça n'arrêtait pas depuis quelques temps. Alors peut être suivrait-il cette vague. En tout cas, il se sentait si différent dans cet endroit. Des pensées lui avait traversé l'esprit, celles dont il ne préférait pas penser, et une détermination folle l'avait envahi. Bien plus forte qu'une bonne résolution que l'on se fait dans le vent et que l'on se croit obligé de dire à tout le monde car on craint de ne pas pouvoir tenir. Non, c'était comme une promesse à lui-même. Une promesse qu'il n'ébruiterai, pas, qu'il gardait pour lui mais qui se ressentirait au fils du temps. Qu'il ne prendrait pas la peine d'expliquer. Le simple fait qu'elle soit là, était une bénédiction pour lui. Alors oui, peut être y avait-il un moment venu mais en rien attendu. Il ne l'avait pas attendu passivement. Il l'avait provoqué, invoqué. Et beaucoup d'évènements pouvait en être la cause première. Il n'y avait pas de primat quelque part. Tous au même point car c'est ainsi qu'on réussit. Pareille intensité pour pareil résultat. Il ne doutait plus maintenant. Une euphorie quelconque peut être bien mais en rien éphémère. Et puis il y avait eu Selene et tout ce qu'elle avait réveillé en lui. Elle n'était pas extérieure à la situation. Elle était peut être même au plus haut point. Ou en accord avec tout le reste. Elle avait été l'élément déclencheur. Il ne pouvait pas dire ce que cela impliquerai mais ça ne s'annonçait pas si mauvais que ça devrait en avoir l'air.
L'entretien avait été plus productif qu'il ne l'avait pensé. Il la regardait sans faillir mais c'était elle qui ne le regardait plus. Il ne donnait pas d'interprétation à cela. Lui savait que trop bien ce que ça signifiait. Pour ce qui était de elle, comment elle avait interprété tout ça, il préférait ne pas s'y aventurer. C'était à un autre niveau qui n'était pas facilement explicable.
Elle finit par comprendre ce qui était primordial pour lui. Et il ne s'attendait pas à la moindre capitulation de sa part. Elle n'avait pas à faire ça de toute manière. Il ne savait pas si elle le pensait vraiment et si elle l'avait compris mais elle était d'accord sur le fond alors c'était surement suffisant. Elle s'était simplement arranger en faveur de la légitimité et donc de la majorité. En rien, elle ne convenait cette idée à lui. Si elle s'en contentait alors il en ferait de même ne cherchant de toute façon pas à en changer.
Selene prit à nouveau la parole pour mettre fin à l'entretien. Elle lui sortit une phrase assez atypique qui surprit Jared mais qu'il accueillit avec plaisir. Puis elle lui sourit avec gêne et baissa le regard aussi vite qu'elle le pu. Un nouveau dérapage? Non, c'était pas concevable. Peut être qu'elle se reprochait son élan d'entrain un peu plus tôt. Mais ce phénomène semblait se répéter. Il la regarda tachant de comprendre sa réaction et il en fut troublé. Il s'y aventurait contre toute attente. Elle se comportait si différemment vers la fin. Jared lui sourit à la vue de ses propos puis ajouta :

-Ah, vous n'êtes pas une adepte du test de Rorschach à ce que je vois.

-C'est peut être parce que l'on ne voit pas assez de papillon comme vous dites.

Jared laissa éclater un rire discret. Ces propos l'avait amusé. Il constata qu'elle décroisa ses jambes de déesse. N'ayant pas abordé une telle attitude auparavant, il en conclut qu'ils étaient sur la fin. Mine de rien, le temps passait à grande vitesse et elle devait encore avoir de nombreux rendez-vous après lui. Il remarqua avec plaisir que ça n'avait pas été aussi terrible que ce qu'il s'était mis en tête avant de venir. Elle faisait bien son job, il n'y avait pas à en redire. Lui, c'était comporté de façon assez étrange mais ça avait eu son effet. Il ne passerait pas la soirée à ressasser tout ça. L'avait-elle indirectement aidé? Il en était sur. Mais il n'en dirait rien. Ça ne rentrait pas dans le cadre de leur relation professionnelle. Et il savait être professionnel. Elle lui laissait du temps avant qu'ils en reparlent. C'est que son cas ne devait pas être si désespéré. Puis elle évoqua Alba et sous entend le rôle qu'elle avait à tenir au sein de l'équipe. Jared et Alba en avait parlé un peu tôt avant qu'il est eu son entretien. Et bien sûr, tous les deux avaient ressenti la même chose à l'égard de sa psychologue.
Jared se leva ensuite allant lui serrer la main et lui répondit :

-Bien entendu. On voit ça dans la semaine, alors.

Puis il se dirigea vers la porte qu'il ouvrit. Selene l'escorta jusque là. Puis il sentit sa main lui caresser le dos. En tant normal, ce geste était ce qu'il y avait de plus amical. Mais à dire vrai, ils ne se connaissaient que depuis quelques heures seulement. Pourtant, il était satisfait qu'elle l'ai fait. Il se retourna et lui glissa :

-Je vous remercie et je vous dit à plus tard.

Puis il s'engouffra dans le long couloir remplit de bureaux administratifs et machinalement il se retourna pour l'apercevoir à l'embrasure de la porte, mais elle n'y était plus. Selene était déjà rentrer dans son bureau. Que croyait-il ? Il continua d'avancer, des pensées plein la tête.

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